Le retour à Bamako après de six ans d’exil à Dakar de l’ancien président, Amadou Toumani Touré, est perçu par les observateurs comme un signe de “décrispation politique” dans le pays.
“C’est une bonne initiative dans le cadre de la réconciliation nationale. C’est aussi une décision qui peut contribuer à décrisper la tension politique qui était un peu montée ces derniers jours avec le report de l’élection des conseillers de cercle et des régions et le doute qui commence à planer sur l’organisation des législatives et de la présidentielle de 2018”, a commenté Abdoul Karim Dia, chroniqueur politique indépendant.
“Qu’on l’aime ou pas, les faits sont là et têtus, Amadou Toumani Touré est le père de la démocratie au Mali. C’est lui qui a conduit l’une des meilleures transitions politiques de l’Afrique francophone, en donnant une très grande respectabilité à notre pays dans le monde. C’est lui qui a su revenir au pouvoir par les urnes et a donné une leçon de démocratie en acceptant de gérer de façon consensuelle le pouvoir avec tous ceux qui l’ont voulu”, souligne pour sa part Alioune Ifra N’Diaye, un jeune opérateur culturel engagé, dans une lettre reçue par un correspondant de Xinhua à Bamako.
“Il s’apprêtait à quitter le pouvoir en organisant les élections, sans désigner de dauphin, avant d’être victime d’un des coups d’Etat les plus stupides au monde avec la complicité de plusieurs états-majors politiques qui ont participé à sa gouvernance”, a-t-il ajouté.
“Ce retour est une bonne chose pour le Mali car, en dehors de contribuer à apaiser le climat politique, l’ancien président peut jouer un rôle déterminant dans la résolution de la crise du nord”, a analysé Mohamed Maïga, rédacteur en chef de l’hebdomadaire malien Le Matin (indépendant).
En exil à Dakar (Sénégal) depuis avril 2012, Amadou Toumani Touré est donc attendu dans son pays ce week-end.
Accusé par la suite de crime de haute trahison, il a été blanchi en décembre 2016 par la commission ad hoc d’enquête parlementaire mise en place le 1er juillet 2014 par l’Assemblée nationale du Mali.
Rien ne s’opposait donc à son retour, d’autant plus que le temps a fini par lui donner raison par rapport à la gestion de la crise malienne et le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, selon Alioune Ifra N’Diaye.
En effet, l’ancien président, qui avait été surnommé “le soldat de la démocratie malienne”, avait préconisé une synergie d’actions au niveau régional, c’est-à-dire une force conjointe, pour lutter contre les terroristes et les narcotrafiquants dans la bande sahélo-saharienne. Or, une force de ce type, celle du G5 Sahel, a depuis été mise en place par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.