Après un premier mandat de cinq ans, gagné au second tour de la présidentielle de 2013, avec plus de 77% des voix, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta va affronter 23 adversaires au premier tour de la présidentielle du 29 juillet 2018.
Au fait, la Cour constitutionnelle a validé mercredi les 24 candidatures à la présidentielle, contre 28 candidats en 2013. Mais seule une femme figure sur la liste. Il s’agit de Mme Kanté Djénéba N’Diaye qui s’aligne en indépendante.
La seconde femme, Mme Sidibé Aminata Diallo, figurait parmi les huit candidatures rejetées par la Cour constitutionnelle pour défaut de paiement de la caution de dix millions de francs CFA (maintenant 25 millions FCFA) ou insuffisance de parrainages (dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des régions et du district de Bamako).
Le nombre de candidats est jugé pléthorique par certains observateurs. “Vingt-quatre candidats pour un pays pauvre et en crise, ce n’est pas normal. La pléthore de candidats n’est nullement une vitalité démocratique. Au contraire, elle traduit un positionnement des uns et des autres par rapport aux dividendes personnels (postes de ministre, ambassadeurs, directeurs nationaux…) ou aux élections législatives”, a analysé pour Xinhua Hamady Sy, analyste politique indépendant.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta se retrouve donc seul face à 23 concurrents pour lui succéder, dont de nombreux anciens collaborateurs ou ex-ministres (Housseini Amion Guindo, Dramane Dembélé, Moussa Sinko Coulibaly, Choguel Kokala Maïga, Mountaga Tall, Daba Diawara, Mamadou Igor Diarra, Mohamed Ali Bathily).
Si Niankoro Yeah Samaké a été ambassadeur du Mali en Inde ces dernières années, Modibo Koné et Kalfa Sanogo ont dirigé la Compagnie malienne du développement textile (CMDT) durant ce premier mandat du président Keïta.
L’enjeu du scrutin, selon des observateurs, est l’alternance souhaitée par une partie de la classe politique ou la continuité pour le locataire du palais présidentiel de Koulouba. Le président Keïta peut néanmoins surfer sur l’incapacité de ses adversaires à convaincre les Maliens par un projet crédible, donc réaliste.
Les favoris ont pu s’entourer de coalitions pour grignoter plus de voix. Il y a “Ensemble pour le Mali” de la majorité autour de la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que “la Coalition pour l’alternance et le changement” de Soumaïla Cissé, “la Convention des Bâtisseurs” de Modibo Sidibé, “l’Emergence pour un Mali nouveau” (RPDM, Yèlèma et Modec) autour de Cheick Modibo Diarra, “la Plateforme Ensemble pour le Renouveau du Mali” (ERE) soutenant uniquement la candidature d’Aliou Boubacar Diallo.
Les quelques sondages réalisés font de Soumaïla Cissé (qui a atteint le second tour en 2002 et en 2013), les anciens Premiers ministres Modibo Sidibé et Cheick Modibo Diarra, et Aliou Boubacar Diallo (un riche homme d’affaires) les plus sérieux rivaux du président sortant.
Celui-ci pourrait ainsi se retrouver au second tour face au chef de file de l’opposition (Soumaïla Cissé) ou Cheick Modibo Diarra.
“Cette élection va se jouer entre Kalfa Sanogo, Modibo Sidibé et Cheick Modibo Diarra”, a analysé Fousseyni Camara, un leader de la société civile malienne en France.
Pour certains observateurs, l’ex-Premier ministre de la période intérimaire pourrait créer la surprise. Cheick Modibo est le seul candidat qui n’a jamais été mêlé à la gestion directe des affaires du pays. Contrairement à ses principaux concurrents, selon Hachis Cissé, un chroniqueur politique indépendant.