Le premier ministre malien de transition, Moctar Ouane, a dévoilé la feuille de route de son gouvernement aux membres du Conseil national de transition (CNT), ce vendredi 19 février 2021. Parmi les axes prioritaires du plan d’action figurent la sécurité, la bonne gouvernance, le dialogue avec les djihadistes maliens et l’organisation d’élections générales.
« L’exercice est inédit et s’inscrit dans le cadre du renouveau de la gouvernance qui impose une obligation de planification de l’action publique ». C’est par ces mots que le premier ministre de transition, Moctar Ouane, a introduit la présentation, devant le Conseil national de transition (CNT), qui fait office de parlement, du plan d’action de la feuille de route de la transition, ce vendredi 19 février 2021, au Centre international de conférence de Bamako, en compagnie des membres de son gouvernement.
Moctar Ouane a observé une minute de silence à la mémoire des victimes civiles et militaires de la crise au Mali. Il a également salué la mémoire des anciens présidents Modibo Keïta, Moussa Traoré et Amadou Toumani. Et celles du défunt chef de file de l’opposition malienne Soumaila Cissé ainsi que l’ancien premier ministre Modibo Keïta, décédés récemment.
Restaurer l’utilité sociale de l’État
Six axes prioritaires sont consignés dans le document : la promotion de la bonne gouvernance, le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire nation, la refonte du système éducatif, les réformes politiques et institutionnelles, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale et l’organisation des élections générales.
Le plan d’action est décliné en 23 objectifs, et s’étale sur 275 actions et 291 indicateurs. Parmi les actions prioritaires, on note la relecture, l’appropriation et la mise en œuvre diligente de l’accord pour la paix, issu du processus d’Alger, toujours à la peine. Mais aussi le redéploiement des forces armées maliennes sur l’ensemble du territoire, avec le recrutement prévu de 25 000 nouveaux éléments et la construction de 42 postes de sécurité.
Aussi, faut-il signaler la restauration de l’autorité et de l’utilité sociale de l’État à travers la fourniture des services de base, le désarmement des groupes armés, la « dissolution effective de toutes les milices » ainsi que le retour des réfugiés, à travers des initiatives d’accompagnement sur le plan économique et socio-sanitaire.
« Aucun obstacle à l’horizon »
Le point sensible de ce plan d’action concerne la lutte contre l’impunité et la corruption. Notamment l’audit annoncé des fonds alloués à l’armée malienne dans le cadre de la controversée Loi d’orientation et de programmation militaire.
L’axe qui aura retenu l’attention de nombreux maliens et partenaires du pays, c’est l’organisation des élections générales et la révision de la Constitution. Après de nombreuses tentatives infructueuses, cette fois-ci, le passage à la 4e République semble inéluctable, au regard des défis existentiels qui assaillent le pays.
Sans surprise, le dialogue avec les groupes extrémistes violents a été réaffirmé dans les actions clés de cette feuille de route, en vue de réduire considérablement les violences et empêcher ces derniers de répandre leur emprise au sein des communautés vulnérables. Des missions de bons offices sont annoncées, ainsi que l’élaboration d’une stratégie de dialogue et de délocalisation. Peut-être, enfin, un point de chute offert à l’imam Mahmoud Dicko, qui n’occupe plus de fonctions officielles depuis la fin de son mandat à la tête du Haut conseil islamique du Mali.
Le Conseil national de transition (CNT) débattra du plan d’action, lundi 22 février, avant de procéder au vote le lendemain. Aucun obstacle à l’horizon. Les militaires au pouvoir contrôlent le parlement.
Source : Benbere