Le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a affirmé lundi à Bamako qu’il ne ferait « aucun obstacle » aux procédures judiciaires en cours contre le général Amadou Sanogo, auteur du coup d’Etat de mars 2012, et ses proches.
« Je ne ferai aucun obstacle, donc, (en ce qui concerne) tous nos éléments (de l’armée) qui seront concernés par la procédure judiciaire, je donnerai mon autorisation, j’apporterai notre concours pour que les personnes aillent s’expliquer devant le juge », a déclaré à la presse M. Maïga.
Le ministre de la Défense a précisé que l’interpellation, l’inculpation et l’incarcération le 27 novembre du général Sanogo n’étaient pas à l’ »initiative du gouvernement ». « C’est une procédure judiciaire à l’initiative des familles qui cherchent à savoir ce qu’il est advenu de leurs parents (…) dont ils n’ont plus de nouvelles », a affirmé M. Maïga.
« Cela participe aussi pour nous de la restauration de l’honneur de l’armée, de la restauration de l’image que les citoyens doivent se faire de l’armée et de la restauration de l’éthique à laquelle les militaires eux-mêmes doivent s’habituer pour conduire les missions qui sont attendues d’eux », a estimé M. Maïga.
Selon une source au ministère de la Justice, l’ordre d’arrêter M. Sanogo le 27 novembre a été donné « au plus haut niveau » de l’Etat.
Amadou Sanogo et une quinzaine d’autres personnes, essentiellement des militaires, ont été arrêtées et écrouées pour leur rôle joué pendant et après le coup d’Etat du 22 mars 2012, qui a précipité le Mali dans le chaos.
Selon le gouvernement malien, « pour l’instant, M. Amadou Sanogo est inculpé de complicité d’enlèvement de personnes », mais une source proche du juge d’instruction Yaya Karembe a affirmé à l’AFP qu’il a été inculpé de « meurtres, complicité de meurtres, assassinats, enlèvement de personnes et complicité d’enlèvement ».
Dans les mois suivant le coup d’Etat du 22 mars 2012, puis le contre-coup d’Etat sanglant du 30 avril suivant, le quartier général de Sanogo à Kati, près de Bamako, avait été le lieu de nombreuses exactions et assassinats commis contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé, Amadou Toumani Touré.
Des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile ont également été victimes des violences des putschistes.
Le coup d’Etat avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, qui ont occupé cette région pendant neuf mois avant d’en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013 et toujours en cours.