Au lendemain de la reconquête du Nord, en 2013, la presse malienne le peignait en « officier valeureux », « connu pour sa rigueur et son don de soi ». Il était alors encore colonel et dirigeait les opérations à Tombouctou. Mais c’est un tout autre portrait du général Kéba Sangaré que le groupe d’experts des Nations unies sur le Mali dresse dans son rapport rédigé en août dernier.
Le général Kéba Sangaré y est décrit comme l’un des obstacles à l’application de l’accord de paix de 2015. Devenu chef d’État-Major de l’armée de terre, il aurait pris des « décisions contestables » entraînant plusieurs mois de retard et « minant la confiance entre les parties » impliquées dans le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des groupes armés.
Le rapport de l’ONU dénonce notamment des « tentatives répétées » de l’armée malienne de « contourner les quotas convenus » pour les différentes parties, par exemple pour la réintégration des ex-rebelles dans les rangs de l’armée nationale et la répartition des postes de commandement.
L’ONU pointe son inaction dans le massacre d’Ogossagou
Plus grave encore : les experts onusiens pointent la responsabilité du général Kéba Sangaré dans le massacre d’Ogossagou. En février dernier, 35 personnes étaient tuées et 19 portées disparues après une attaque de milices dogons contre ce village peul. « Informé de la menace », « plus de dix heures » avant l’attaque, écrivent les experts onusiens, le général Kéba Sangaré aurait laissé les militaires maliens en poste dans le village s’en aller, avant l’arrivée de la relève, permettant à la tragédie de se dérouler.
« À la suite de cette attaque, conclut le rapport, le président du Mali a relevé le général Keba Sangaré de son poste de commandant au Centre. En mai dernier, il a été limogé de son poste de chef d’État-major de l’armée malienne. » Mercredi, c’est pourtant bien lui qui a été nommé, gouverneur de la région de Bougouni par les autorités de transition.