Le vendredi 23 mars 2018 devrait être une journée célébrée avec faste aux quatre coins du pays, où tous les Maliens chanteraient en chœur : Unité, paix et stabilité. Le symbole est fort à plus d’un titre: primo depuis 2014, aucun chef du gouvernement n’avait mis les pieds à Kidal. Et secundo, c’est un acte fort qui marque le début du retour de Kidal dans le giron malien après six douloureuses années d’occupation injuste et injustifiée.
Sans tambour ni trompette, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) a atterri à Kidal le vendredi dernier après une nuit passée à Tessalit. À César ce qui est à César, SBM a fait preuve de courage et d’efficacité dans l’humilité pour réussir cette mission périlleuse. Derrière la démarche nonchalante de l’homme au bazin-riche blanc aux allures d’un agent secret se cache en vérité une témérité sans borde. Il sait qu’il n’a pas droit à l’erreur et que la chance est fatiguée de lui sourire à chaque fois. L’incertitude planait pourtant sur cette visite jusqu’à la dernière minute même s’il est difficile de lire l’inquiétude sur le visage de cet ancien journaliste dont rien visiblement ne semble perturber la sérénité. D’une voix à peine audible, l’homme a dû rester pendant de longues heures au téléphone hier soir pour réussir à atterrir à Kidal ce vendredi où la tension était visiblement à son comble.
Du coup, c’est l’horizon politique qui se dégage un peu au Mali où la visibilité était nulle tant le ciel était chargé. En dépit de la fièvre électorale qui s’est emparée du pays de façon précoce, les grilles de lectures étaient elles-mêmes grillées jusque-là.
Cependant, il ne s’agira pas de dividendes politiques pour un parti ou un groupe mais plutôt d’un pas important d’une nation sous perfusion qui a du mal à se relever malgré le nombre incalculable de spécialistes à son chevet. L’avenir du Mali est en jeu. Et les divergences subjectives qu’elles soient politiques ou ethniques mettent en péril l’existence du Mali en tant qu’État. Dans un tel contexte, il ne devrait y avoir, ni majorité ni opposition mais de la nécessité d’un sursaut patriotique pour sauver le bateau Mali qui bat de l’aile. Que Dieu sauve les Mali.
Par Nouveau Réveil