Le célèbre avocat malien a passé trois jours aux mains des services de renseignement, avant d’être relâché lundi, dans une affaire qui nourrit les spéculations sur l’existence ou non de canaux de communication entre Bamako et des jihadistes.
Selon une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée par ses proches, Hassan Barry, ancien ministre, a rencontré en juin le prédicateur radical Amadou Koufa, chef de la « katiba du Macina », qui sévit depuis 2015 dans le centre du Mali.
« Nous sommes au courant de cette affaire, qui a eu la bénédiction de certains milieux officiels », a confié une source sécuritaire malienne, lundi. Mais son arrestation vendredi « n’a aucun lien avec les missions de bons offices qu’il soutient avoir précédemment entreprises », a assuré le gouvernement dans un communiqué.
Zéro dialogue avec les jihadistes
Officiellement, Bamako, dont l’armée continue à subir de lourdes pertes sur le terrain, exclut de dialoguer avec les jihadistes. « Ce n’est pas la position du gouvernement », avait déclaré en juillet le ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé. Mais des experts et des personnalités plaident pour un dialogue avec les jihadistes devant ce qu’ils considèrent comme l’échec des autres stratégies.
L’arrestation d’Hassan Barry par les services de renseignement est liée à celle, en fin de semaine, de deux membres présumés du groupe jihadiste Ansaroul Islam, actif au Mali et au Burkina Faso voisin, selon les autorités.
Arrêté pour « complicité avec les terroristes »
« Hassan Barry a été arrêté pour complicité avec les terroristes », a dit une source proche du dossier. Les deux jihadistes présumés étaient à Bamako pour « faire du repérage pour d’éventuels attentats » avait indiqué vendredi la Sécurité d’Etat. Mais ils souhaitaient également « négocier la libération de plusieurs cadres de leur organisation détenus à la maison d’arrêt de Bamako, dont deux experts en explosifs », selon la même source.
Lors de leur interrogatoire, ils auraient affirmé avoir remis une importante somme d’argent à Hassan Barry pour soudoyer des magistrats et obtenir ces libérations, selon une source proche du dossier. Hassan Barry a été relâché lundi et est rentré à son domicile, a indiqué le bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali, Alhassane Sangare.
Un autre avocat, qui n’a pas souhaité être nommé, a précisé que son arrestation par les services de renseignement n’avait pas respecté les dispositions légales en ce qui concerne les avocats. Une source judiciaire, confirmant sa remise en liberté, a expliqué que la procédure judiciaire intentée contre Hassan Barry « continue ».
Jeune Afrique