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Mali: l’après 29 juillet

Au soir du 29 Juillet 2018, le Mali aura un président élu ou se préparera à organiser le second tour entre les deux candidats les mieux classés qui resteront en lice. Les difficultés du pays seront-elles pour autant réglées? Non, puisque l’élection présidentielle ne représente qu’une infime partie du problème. La réflexion sur l’après 29 Juillet garde ainsi tout son intérêt face au choc des ambitions qui obscurcit dangereusement le ciel malien.

CAMPAGNE ÉLECTORALE : PLUS DE PRÉTENTIONS QUE DE MOYENS
Pas moins de vingt-quatre candidats sur la ligne de départ pour briguer la magistrature suprême ! L’explication ne doit pas être cherchée dans les projets de société car certains n’en ont même pas. Ceux qui peuvent en décliner un sans risque de plagiat se comptent sur les doigts d’une seule main. Pourtant, ils sont nombreux à savoir qu’ils n’ont aucune chance de devenir le président du Mali mais la mégalomanie et l’autocélébration les inhibent totalement. Voilà de quoi a accouché notre démocratie après un quart de siècle. Face à eux, une population déçue et dépitée depuis des années, au sein de laquelle les plus futés ont déjà senti l’ouverture de la plus importante foire du «tagnini». On assiste à un début de campagne électorale morose avec une crainte à peine voilée de la visite des régions du nord et du centre, mais comment devenir président sans aller partout sur le territoire à la rencontre des populations qu’on veut gouverner ? Du pain béni pour le président sortant qui va tirer les marrons du feu puisque l’opposition plus vindicative que stratège a vidé son sac avant l’heure. En effet, ne cherchant qu’à déstabiliser IBK depuis sa prise de fonction, elle a fini par lui rendre un énorme service en personnalisant outrageusement le débat politique. Politicien avisé, « Boua » a choisi la bonne posture, encaissant bien chaque coup et prenant le peuple à témoin. Ces attaques ont surtout eu pour effet de réveiller ses partisans dont les réactions vigoureuses feront gagner la bataille des slogans en faisant passer les activistes pour des pourfendeurs de pacotille finalement ralliés aux plus offrants. Résultat des courses : les adversaires d’IBK avaient misé sur un abandon par jet de l’éponge mais ils l’ont au contraire rendu plus combattif et plus déterminé que jamais. Cependant, quels que soient le résultat et le vainqueur, cette élection présidentielle ne sera pour le Mali qu’une étape parmi d’autres à franchir.

TIRER LES CONSÉQUENCES DE L’ÉCHEC DU MOUVEMENT
DÉMOCRATIQUE
Le président élu devra commencer par corriger une erreur commise en 2013 et placer la gestion de l’Etat dans le cadre d’une vraie crise qui commande plus de détermination et de moyens sur le volet sécuritaire, moins de laxisme dans le choix des hommes et la gestion des ressources publiques. Pour cela, il devient indispensable de rassembler la classe politique, les organisations de la société civile, les femmes et les jeunes notamment pour créer les conditions d’une stabilité durable propice à l’avènement d’un nouveau contrat social. C’est un préalable pour réussir la mise en œuvre pragmatique de l’Accord pour la paix, de la loi d’entente nationale, des réformes constitutionnelles envisagées, et promouvoir les valeurs sociales et morales de base que sont le respect de l’ordre et du bien public, la promotion du travail et du mérite, le rejet du népotisme et de la corruption. Il faudra sans complaisance tirer les conséquences de l’échec du mouvement démocratique lancé en 1991, en écoutant enfin l’aspiration légitime de la Jeunesse au changement pour éviter au Mali une crise socio-politique encore plus grave à l’horizon 2023. En effet, devant l’effritement de la confiance dans les institutions et ceux qui les incarnent, la jeunesse en panne de modèles et de références s’est retranchée dans l’irrévérence et l’anticonformisme. Même si dans leur immense majorité les jeunes n’ont pas été préparés à dessein pour assurer la relève, le renouvellement de la classe politique n’est plus un luxe. Les plus pugnaces ont déjà forcé les verrous et se sont formés sur le tas, face à des aînés accapareurs et peu enclins au partage. En rupture de ban, sans véritable maître et sans école, il est aujourd’hui difficile de les canaliser.
Pour toutes ces raisons, le pays dans une crise avancée est divisé géographiquement, socialement et politiquement, avec des forces étrangères dont on continue à se demander à quoi elles servent devant la poussée du terrorisme. Il y a péril en la demeure et un nouveau contrat social s’impose pour clarifier sans tabou le rôle des uns et des autres dans la conduite des affaires publiques et le rajeunissement qualitatif de la classe politique au Mali.

Mahamadou Camara
Email : camara.mc.camara@gmail.com

Info-matin

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