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Mali : la junte peut-elle résister à la pression internationale?

Au Mali, la junte fait le pari de défier la France et l’Europe en se rapprochant de la Russie. Le pari peut s’avérer risquer pour l’homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta.

Qui ment? En niant, vendredi soir, l’arrivée au Mali de mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner, la junte au pouvoir à Bamako a renvoyé la France et ses partenaires européens dans leurs cordes. Ceux-ci, la veille, avaient affirmé dans un communiqué que ce déploiement était en cours. Une source gouvernementale à Paris livrait peu après quelques détails pour étayer le propos comme la construction d’un “camp militaire à l’aéroport de Bamako”, ou “des rotations aériennes répétées avec des avions de transport de l’armée russe”.

L’objectif de Paris et de ses alliés est clair : tordre le bras des militaires maliens pour qu’ils renoncent à ce recours russe. À cette pression occidentale s’ajoute celle de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) sur un sujet connexe : l’organisation d’élections présidentielle et législatives le 27 février 2022. Bamako tente de négocier un report mais les pays voisins restent inflexibles, menaçant les putschistes de nouvelles sanctions s’ils ne lâchent pas le pouvoir comme promis.

La ligne de crête du colonel Assimi Goïta
La junte a-t-elle les moyens de résister? Certes, en jouant, dans le discours, la carte du nationalisme et du rejet de la présence militaire française, elle s’attache le soutien essentiel d’une partie de son opinion publique. Elle sait que la France ne peut abandonner du jour au lendemain sa zone d’influence que sont le Mali et le Sahel. D’ailleurs, Paris ne brandit plus la menace d’un départ des soldats de Barkhane en cas de déploiement des mercenaires russes. Enfin, si elle fait appel à Wagner, elle s’assurerait une protection et achèterait sa survie au-delà du 27 février.

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Reste que le colonel Assimi Goïta, chef de la junte, avance sur une dangereuse ligne de crête. “Il est contesté au sein de son camp, explique le journaliste Antoine Glaser. Il n’est pas à l’abri d’un renversement en interne.” Il prend aussi le risque de rallumer un conflit avec l’ex-rébellion du Nord qui a déjà exprimé son hostilité à Wagner. Et puis pactiser avec les mercenaires russes ne réglera pas la question du combat contre les organisations djihadistes puisque, comme l’explique une source élyséenne, “le modèle Wagner n’est pas la lutte contre le terrorisme”.

La journée de lundi devrait apporter une première réponse sur la voie choisie par Goïta. Pour organiser des élections le 27 février, il a en effet jusqu’au 27 décembre pour signer un décret présidentiel portant convocation du collège électoral. S’il signe, il jouera l’apaisement. Dans le cas contraire, il optera pour le bras de fer

JDD
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