Le Mali a raté les OMD (Objectif du Millénaire pour le Développement), la CN-CIEPA ne voudrait pas que cela se reproduise avec les ODD 6 (Objectif pour le Développement Durable). C’est la raison pour laquelle, elle multiplie les efforts depuis un certain temps pour non seulement accompagner les actions du gouvernement, mais aussi pour mettre les autorités compétentes sous pression afin que les engagements du pays soient tenus.
Ce 29 décembre 2020, la Coalition nationale a donc co-aminé une conférence de presse avec les deux directions du secteur, à savoir : la Direction Nationale de l’Hydraulique et celle de l’Assainissement et de Contrôle des Pollutions et des Nuisances. D’une part, le président de la CN-CIEPA/Wash, Dounatiè Daou, a fait l’état des lieux du secteur en lien avec les droits humains et d’autres part, il a recommandé à l’État malien de mettre le bouchon-double pour un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici 2030, tel que recommandé par les ODD 6.
L’Eau et l’Assainissement, des droits pour le citoyen !
Selon Dounatié Daou, président de la Coalition Nationale, Campagne Internationale pour l’eau potable et l’assainissement, l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement constitue un facteur décisif pour le développement humain. «En 2010, à travers la résolution n° 64/292 du 28 juillet, l’ONU a reconnu le droit à l’eau potable saine et propre et à l’assainissement comme un droit humain. Essentiel pour la jouissance de la vie et de tous les droits de l’homme, ce droit s’est traduit par l’adoption des ODD. Ainsi, son objectif 6 vise à garantir l’accès universel à l’eau et l’assainissement d’ici 2030 »,ajoute-t-il.
Aussi, les engagements SWA (Sanitation and Water for All/Assainissement et Eau pour Tous) et AfricaSan sont des mécanismes pour favoriser cet accès universel, sécurisé et durable de tous aux services d’assainissement. «Le Mali a un taux d’accès à l’eau potable de 65,9 % en milieu rural, 76 % en milieu semi-urbain et urbain et 68,8 % au niveau national (source DNH rapport d’activités 2018). Le nombre de villages sans point d’eau moderne (PEM) est de 1242. Le parc hydraulique non fonctionnel est estimé à 32 %, soit 8746 points d’eau. Quant à l’assainissement, selon le rapport JMP 2017 au niveau national seulement 35 % de la population du Mali dispose d’un système d’assainissement, et la défécation à l’air libre est pratiquée par 7% »,précise le président de la Coalition de la Société Civile.
Ainsi, c’est dans ce même contexte que le gouvernement du Mali s’est inscrit depuis 2016, dans une dynamique de réforme institutionnelle et programmatique qui s’est traduite par l’adoption en 2019 du Cadre de Relance Economique et le Développement Durable (CREDD), mais aussi la relecture du code de l’eau et la validation technique de la Politique nationale de l’Eau (2019) et celle de l’Assainissement (2020).
Honorer les engagements !
Selon la Coalition Nationale, Campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement, pour l’atteinte des ODD 6, condition absolue pour l’accès universel à l’eau potable et l’assainissement au Mali, chacun doit honorer ses engagements et cela à chaque niveau. «Il est vrai que des réformes sont en cours et nous allons nous battre pour que dans ces réformes, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement soit un droit constitutionnel. Pour l’instant, ce qui est primordial, c’est qu’il faut que l’État respecte ses engagements en allouant un meilleur budget aux deux secteurs qui sont vitaux pour les populations dans leur quotidien », souligne le président de la CN-CIEPA/Wash.
La CN-CIEPA s’inquiète !
Ce qui est sûre, à l’allure où vont les choses, la société civile n’est pas certaine pour l’atteinte des objectifs pour les ODD 6 à l’horizon 2030. Car, selon Dounatié Daou, le manque d’indépendance économique du Mali en sera pour quelque chose. «Si nous continuons à aller de gauche à droite pour les financements, il sera difficile d’atteindre les objectifs »,déclare-t-il. Selon lui, le secteur bien que cité prioritaire par les hautes autorités du pays et malgré les efforts qu’elles y consentent, la société civile estime que l’Etat peut et doit mieux faire. Poursuivant, le président de la coalition soutient qu’il faille d’une part, réviser le budget alloué au secteur eau et assainissement qu’il considère insuffisant et mal géré. «Jusqu’ici, nous restons sur notre faim par rapport au budget alloué au Secteur qui est beaucoup trop peu par rapport aux immenses défis auxquels nous faisons face »,précise-t-il.
L’État rassure !
Face aux cris de cœur de la CN-CIEPA, les représentants de l’État à travers Djoro Bocoum, Directeur National Adjoint de l’hydraulique et Mme Aissata Cissé, Directrice Nationale Adjointe du contrôle des pollutions et des Nuisancesn’ont pas manqué de rassurer. Si le Directeur National de l’hydraulique dont le taux de couverture du service est estimé à 69%est sûr d’atteindre les ODD 6 à l’horizon 2030, la Directrice Nationale Adjointe du contrôle des pollutions et des Nuisancesquant à elle, compte sur la volonté politique du Mali, qui, selon elle, ne fait aucun doute. «Certes, nous avons des difficultés notamment pour la transformation des déchets et le retard est colossal mais en dix ans, soit d’ici 2030, si l’on redouble les efforts, l’exploit est encore possible »souligne Mme Aissata Cissé.
Amadou Kodio / Afrikinfos-Mali