Au Mali, les magistrats n’ont pas l’intention de lever leur mouvement de grève illimité alors que le gouvernement les rend responsables du report des élections législatives.
Le gouvernement a annoncé, jeudi 13 septembre, devoir reporter d’un mois les élections législatives dont le premier tour était prévu pour le 28 octobre. Il aura finalement lieu le 26 novembre et le second tour, le 16 décembre. L’administration blâme les magistrats, en grève illimitée depuis le 27 août dernier, qui empêcheraient les candidats de présenter des documents comme par exemple leur casier judiciaire. Cependant, les syndicats de magistrats se défendent d’être les fauteurs de trouble de la démocratie.
Hady Macky Sall est le président du Syndicat libre de la magistrature. Ne venez pas lui dire que sa grève est un frein à la démocratie car, selon lui, les juges ont déjà fait bien des efforts durant la récente élection présidentielle.
« Dans tous les démembrements de la Commission électorale indépendante, au niveau de la Cour constitutionnelle et même au niveau de la Cour suprême où le président de la République a prêté serment, nous avons décidé de ne pas assujettir ces magistrats au suivi du mot d’ordre de grève pour ne pas prendre en otage la démocratie », a-t-il tenu à souligner.
Le report des législatives ne change rien au plan des grévistes. Ils appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités et s’en remettent à la compréhension des Maliens.
« Nous sommes en train de revendiquer des droits qui nous ont été accordés mais que la partie gouvernementale n’est pas en train de respecter. La population en est consciente et nous avons son total soutien », affirme Mamoudou Kassogué, secrétaire général du Syndicat autonome de la magistrature.
Bien qu’il soit opposé à la grève illimitée, Cheick Mohammed Chérif Koné, du Syndicat autonome de la magistrature, estime que legouvernement blâme un peu vite les magistrats.
« Dire comme ça: ‘il faut arrêter la marche de la démocratie parce que le certificat de nationalité ou le casier judiciaire n’ont pas été versés dans le dossier’, ce sont des raisons qui ne tiennent pas. La raison essentielle c’est que les nouvelles régions ont été créées, qu’il faut maintenant que l’on fasse leur délimitation et que cela n’est pas encore fait », analyse-t-il.
La dernière rencontre entre les magistrats et le gouvernement a eu lieu le 24 août dernier. Pour l’heure, aucun nouveau rendez-vous n’est prévu.
RFI