Dans un récent article publié hier sur son site, l’hebdomadaire internationale spécialisé dans les questions africaines affirme que “Les rapports entre le Mali et la France sont exécrables depuis plusieurs mois. Plus récemment, l’ »affaire » Tomi et, surtout, la situation à Kidal, n’arrangent rien.
On attend toujours la signature du nouvel accord de défense franco-malien (qui aurait dû avoir lieu le 19 janvier). En dépit de demandes réitérées, Bamako refuse de s’engager sur une nouvelle date, ce qui agace militaires et diplomates français. Ce différend s’ajoute aux critiques françaises contre la gestion par le président Ibrahim Boubacar Keïta de la crise au Nord-Mali. Côté malien, on soupçonne Paris d’être à l’origine de la fuite dans la presse, fin mars, des procès-verbaux d e l’enquête concernant les liens entre IBK et l’homme d’affaires français Michel Tomi.
Par ailleurs, au Mali, le cas de Cheick Aoussa n’arrange rien. Celui-ci mène une vie paisible à Kidal, où il est revenu il y a deux mois. Il s’y promène librement, en sort comme il veut (il a été aperçu récemment à Ouagadougou) et y revient de même. Il lui arrive aussi d’inviter les Casques bleus de la Minusma à partager un mouton. Ces derniers se doutent-ils qu’il était, il y a encore quelques mois, le numéro deux d’Ansar Eddine, groupe considéré comme terroriste par les Nations unies et qui fut le fer de lance de la conquête du Nord-Mali, en 2012, par Iyad Ag Ghaly, lui-même recherché avec bien peu d’e mpressement par les forces de la sous-région ? Les soldats maliens, de leur côté, enragent. Ils savent que Cheick Aoussa a joué un rôle central, en janvier 2012, dans l’attaque de la caserne d’Aguelhok, au cours de laquelle une centaine de leurs frères d’armes furent tués.” Fin de citation.
QUI EST CHEICK AOUSSA?
La réponse est toute simple: un criminel de guerre. Selon les informations disponibles, Cheick Aoussa est un Touareg de la tribu des Ifoghas originaire de Kidal. Il était numéro 2 du mouvement terroriste Ansar Eddine fondé par Iyad Ag Ghali. C’est lui qui avait commandité le massacre des militaires maliens à Aguelhok. massacre qu’il a révendiqué sur un site internet.
LE PRÉSIDENT IBK DEVANT LES DÉPUTÉS SÉNÉGALAIS, AVANT-HIER LUNDI
« Je renouvelle mon appel aux groupes rebelles que tous viennent et qu’on parle ! »
En visite d’État au Sénégal, depuis dimanche dernier, le Président IBK s’est rendu à l’Assemblée nationale du Sénégal dans la journée du lundi 14 avril 2014. Devant les députés sénégalais, il a tenu un discours mémorable. EXTRAIT.
“Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Il ne s’agit ici, ni de faire l’économie de la grave crise que notre pays a traversée, ni de faire l’inventaire des efforts déployés par le gouvernement de transition et par nous-mêmes depuis notre investiture le 4 septembre 2013, pour que le Mali se remette debout.
Il suffira que je vous dise ceci :
Le Mali a été la victime d’une crise multidimensionnelle qui l’a ébranlé dans tous ses fondements.
Et il y aurait sombré, sans l’assistance prompte et sans calcul de ses partenaires et voisins : la CEDEAO, l’Union africaine, les Nations-Unies, la communauté internationale dont l’Union Européenne, notre irremplaçable partenaire dans la reconstruction de l’armée malienne.
L’action volontariste, opportune et hautement décisive de François Hollande, qui a levé sans attendre l’armée française pour sauver notre pays, mérite d’être singularisée ici.
Le Mali ne remerciera jamais assez la France, pour ce devoir de solidarité effective.
Nous savons et saurons nous souvenir.
Nous connaissons la valeur du sacrifice.
Nous savons les implications de la solidarité, surtout celle massive et prompte dont nous avons bénéficié au plus fort de nos désarrois.
C’est dire que nous savons ce que nous devons faire tout de suite, aujourd’hui et demain.
Nous savons ce que légitimement, en vertu des accords et des résolutions passées, la CEDEAO et la communauté internationale attendent de nous.
Je répète ici solennellement qu’Ibrahim Boubacar Keita n’est pas contre la négociation avec les groupes en rébellion, encore moins, comme le stipule l’Accord Préliminaire de Ouagadougou dans son article 21, avec toutes les communautés du Nord du Mali, car le gouvernement, le parlement et le peuple du Mali n’aspirent qu’à la paix.
La paix partout au Mali. A Kidal. A Gao. A Tombouctou. A Mopti. A Ségou. A Sikasso. A Koulikoro. A Kayes. A Bamako. Partout, sur tout le territoire national. Partout, dans les pays voisins du Mali. Partout au monde.
Nous avons trop payé à la guerre pour sous-estimer le salut que peut-être un processus de négociation, de surcroît entre compatriotes, fils et filles de la même nation.
Nous avons trop payé des meurtrissures des viols et des amputations, de l’humiliation des flagellations et de l’exil de braves producteurs chassés de chez eux par des fauteurs de guerre en mal d’aventures.
Alors, je suis pressé. Pressé de signer des deux mains tout accord pouvant déboucher immédiatement sur une paix durable. Pressé de rendre possible le retour de la confiance et de la cohésion entre les communautés.
La négociation était mon objectif hier. Elle l’est encore plus aujourd’hui.
Et de la tribune que vous m’offrez, égard suprême, dont je mesure l’honneur, le privilège et la signification, je renouvelle mon appel aux groupes rebelles, ainsi qu’à toutes les communautés du Nord du Mali.
Que tous viennent et qu’on parle ! Qu’ils viennent et qu’on construise le Mali ensemble ! Qu’ils viennent et qu’on se mette d’accord, chacun devant accepter de concéder, mais tous d’accord pour la préservation totale et sans équivoque de notre intégrité territoriale.
Seul doit prévaloir le Mali, divers mais uni, décentralisé et transférant aux collectivités et à l’initiative citoyenne les compétences qui ne peuvent et ne doivent plus être celles de l’Etat central, en ces temps où, à juste raison, l’Etat jacobin est partout remis en cause.”
La Rédaction