Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Mali : Entre Rabat et Alger, l’impossible équation ?

Après 32 ans de rupture, le Maroc vient d’exprimer sa volonté de rejoindre l’Union africaine. C’était l’événement majeur de la rencontre à Kigali, au Rwanda, des chefs d’État des pays membres, en l’absence de candidat consensuel au remplacement de la sud-africaine Dlamini-Zouma. Ce projet de retour du royaume chérifien ne sera pas accueilli de la même manière par les États membres. Notre pays, le Mali, devra notamment jouer à l’équilibriste pour concilier ses amitiés et ses intérêts entre Alger et Rabat, les frères ennemis, qui ont chacune des attaches historiques avec Bamako, mais pas seulement.

MAROC MOHAMED6 ROI

Historiquement, le Mali, à travers le Président Modibo Keita, a joué l’intermédiation entre l’Algérie et le Maroc pour régler le différend frontalier qui opposait alors ces deux pays maghrébins. Le Mali, malgré un contexte politique difficile, notamment à cause de la France du général De Gaulle qui lui faisait des misères, n’a pas hésité à soutenir le Front de Libération Nationale (FLN) algérien en lutte armée pour son indépendance. Notre pays a même donné asile à l’actuel Président Abdoul Aziz Bouteflika à Gao, en 1962.

Comme on le voit, les relations entre le Mali et les deux pays sont fondées sur une coopération qui s’est très tôt manifestée, aux premières heures de l’indépendance de notre pays. La forte personnalité de Modibo Keita a permis de donner à notre pays une grande crédibilité. C’est à la faveur du conflit du Sahara occidental que les relations maroco-maliennes vont se dégrader. En effet, le régime de Moussa Traoré, sous la pression de l’Algérie, a reconnu la République sahraouie démocratique qui avait même ouvert une représentation à Bamako. Cette relation fait suite aussi à la décision de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) d’intégrer en son sein le Sahara occidental.

Cette décision avait provoqué la colère du roi Hassan II qui a qualifié l’O.U.A d’« organisation tam-tam » et décidé du retrait du Maroc de l’organisation panafricaine. Le pays cherchera en vain à intégrer l’Union Européenne tandis que ses relations avec le grand voisin algérien ne s’amélioraient guère. 30 ans après, son fils Mohamed V entreprend de dynamiser ses relations avec l’Afrique subsaharienne à travers une série de visites qui le conduiront au Mali, en Guinée-Conakry et au Sénégal. Le passage au Mali a été particulièrement remarqué et la grande avenue menant à Sébénicoro porte désormais le nom du roi du Maroc. Autres les bourses d’études octroyées aux étudiants maliens, le Maroc a gracieusement offert de former 500 imams maliens à Casablanca. Il faut noter également la signature à Bamako de nombreux projets de coopération bilatérale.

Les relations algéro-maliennes se sont particulièrement manifestées dans le règlement des différentes rébellions touarègues dans notre pays. L’Algérie a été de tous les accords. Les Maliens retiendront particulièrement l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015, le dernier en date et celui qui a mis fin à un conflit armé qui a failli consacrer la partition de notre pays.

 Comme on le voit, le Mali a particulièrement intérêt à jouer l’impartialité entre le Maroc et l’Algérie tout en préservant ses intérêts économiques et stratégiques. Cela est plus facile à dire qu’à faire car les deux pays sont à couteaux tirés depuis des décennies et ne semblent pas montrer des signes d’apaisement à cause du problème sahraoui. Si le Mali veut tirer le meilleur profit de ses relations avec l’un et l’autre pays, il serait bien inspiré de jouer, comme au début des années 1960, l’intermédiation entre les frères ennemis. Ce ne sera pas aisé, le Maroc refusant toute autodétermination des sahraouis comme recommandée par les Nations Unies et l’UA.

L’un des sacro-saints principes de l’UA étant l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, le Maroc sait que ce retour à l’organisation panafricaine ne sera pas de tout repos. Le Royaume chérifien devra compter sur ses relations anciennes et récentes pour retrouver en toute douceur le siège qui a été le sien. Le Mali fait partie de ces relations. Reste à savoir si Ibrahim Boubacar Keita aura les reins solides et le dos suffisamment large pour jouer l’intermédiation sans fâcher les Algériens, garants de la stabilité à notre frontière nord, et le Maroc aux potentialités certaines dans l’économie et l’éducation.

 

La rédaction 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct