Leurs exactions ont poussé nombre de nos compatriotes à abandonner leur foyer ! Les plus malheureux d’entre nous n’ont pas eu la « chance » de trouver refuge ailleurs car tué par la barbarie des terroristes. L’EIGS et le JNIM, à l’origine de ce bain de sang sur notre territoire se servent d’une religion qu’ils disent glorifier pour justifier leurs atrocités. Seulement, depuis quelques mois, c’est une atmosphère de conflit qui règne au sein des deux parties. Une soit disant « guerre contre les mécréants ». Mais comment alors expliquer qu’ils s’entretuent aujourd’hui?
Les affrontements se multiplient entre les « frères ennemis » !
Du Gourma à la Macina, aucune localité n’est épargnée. Les 12 et 13 avril derniers, des accrochages ont été signalés entre l’EIGS et le RVIM au sud de Gossi (zone de Tabaka) menant à la mort de plusieurs terroristes dans les deux camps. Ces événements, aussi récents soient-ils, ne sont que les dernières preuves de la difficile cohabitation entre ces deux groupes.
Au mois de janvier déjà, dans le Liptako-Gourma, deux affrontements entre les deux groupes se sont soldés par la mort de plusieurs d’entre eux alors même que nos FAMas, Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel les traquaient sans relâche.
Si les origines de ces tensions demeurent floues, certains éléments nous éclairent sur les réelles motivations de chacun. L’EIGS, qui connaissait à l’époque une expansion au Sahel, a procédé à des prélèvements de « zakat » dans des zones où jusqu’alors seul le RVIM commettait des exactions. Cette expansion des terres de prédation a également mené le groupe de Sahraoui à un recrutement plus large menant à des défections au sein du RVIM. Ainsi, comme le révélait Timbuktu Institute fin janvier, Kouffa a vu ses combattants lui tourner le dos. Ceux-ci ont été très certainement attirés par l’appât du gain plus que par une quelconque idéologie religieuse.
Les affrontements qui s’en sont suivis, causant la mort de nombreux combattants dans les rangs de l’EIGS, ont forcé un des chefs du groupe à réagir en demandant à Kouffa de payer le prix du sang pour ses combattants morts. Les conséquences ? Refus du RVIM et augmentation des affrontements, vols de bétail, fermeture d’écoles coraniques – et de dispensaires n’en sont que quelques exemples.
Enfin, Nord Sud journal nous a révélé le 14 avril dernier l’existence d’une nouvelle vidéo dans laquelle Abu Walid Sahraoui appelle les combattants de l’EIGS à combattre le RVIM.
La population malienne en otage !
Cette chronologie des tensions entre les deux parties nous montre que les groupes terroristes n’ont que faire de la religion. Leur seul intérêt est de conquérir des territoires dans lesquels ils vont pouvoir « racketter », voler la population sous prétexte de zakat. Nous qui avons le malheur de « cohabiter » avec eux, vivons désormais sous l’emprise de ces obscurantistes dont le seul objectif est de semer la terreur pour leurs intérêts personnels.
Les groupes terroristes tentent d’instaurer un nouveau mode de vie dans notre pays. Une vie où nos enfants ne pourront ni aller à l’école ni à l’université. Une vie où le fruit de notre travail nous sera enlevé. Une vie où Oumou Sangaré, Fatoumata Diawara, Salif Keita ou encore le jeune Sidiki Diabaté n’auront plus de voix, ne feront plus écho. Une vie où nos jeunes vivront dans l’incertitude, dans l’insécurité.
Maintenant, les masques tombent !
Les dissensions entre l’EIGS et le RVIM sur des bases de pouvoir, d’argent et de territoire ne sont plus un secret pour personne et sont révélatrices : le jihad de ces bandits n’a rien de religieux ! Au contraire, ils instrumentalisent l’Islam à des fins personnelles, ce même Islam qui est une religion de Paix et de Tolérance.
Mamadou Bare
Malivox