Comment expliquez alors qu’un tel pays soit incapable de nourrir seulement 22 millions d’habitants et qu’il soit condamné à importer une grande partie de sa consommation ? En outre, environ 25 % de la population souffrent d’insécurité alimentaire et près de 50 % sont considérés comme pauvres (Banque mondiale en 2018 et FAO en 2019). Selon les résultats de l’enquête nationale sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (ENSAN) de février 2020, la prévalence de l’insécurité alimentaire est de 16 % des ménages, dont 2 % sont en insécurité alimentaire sous sa forme sévère. Des chiffres qu’il faut d’ailleurs revoir à la hausse à cause des crises sécuritaire et sanitaire (Covid-19).
Ainsi, si par exemple pour la saison agricole 2020/2021 la production nationale de céréales a grimpé à 10,4 millions de tonnes (soit une légère hausse par rapport au résultat de l’année précédente estimé à 10,3 millions de tonnes), le pays a importé au premier trimestre de 2020 des céréales et préparations à base de céréales 31,606 milliards de FCFA (4,22 %). Ce qui ressort du bulletin des statistiques du commerce international des marchandises de l’Institut national de la statistique (INSTAT) qui donne un aperçu général sur les importations et les exportations de biens du Mali.
Les discours font pourtant du Mali un pays à vocation agro-sylvo-pastoral dont l’économie reste dominée par le secteur primaire (45 % du PIB) et qui emploie 80 % de la population active. Dans les mêmes discours, il est dit ou écrit que le secteur agricole constitue «une haute priorité pour le gouvernement du Mali» en tant que moteur de croissance. En cela parce que le Mali consacrerait plus de 10 % de son budget au secteur agricole et il envisagerait d’atteindre un taux de croissance de 6 % grâce auxdits investissements.
D’ailleurs, selon des sources officielles, la part du budget national dans le développement agricole et rural atteint allègrement près de 15 %. Dans la théorie, notre pays fait mieux que ce qui est recommandé par la Déclaration de Maputo (Mozambique) qui, en 2003, avait exhorté les Etats africains à allouer un minimum de 10 % du budget national à l’agriculture pour atteindre une croissance de 6 % de l’économie agricole.
M.B
Source: Le Matin