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Mali : Covid-19 ou pas, la difficile lutte contre l’excision

En cette période de Covid-19, la lutte contre l’excision est devenue encore plus ardue par les mesures de restriction imposées par les autorités. C’est du moins ce que l’on découvre au fil des échanges avec les acteurs impliqués dans cette lutte.

 

Au Mali, des efforts sont consentis par les autorités et les organisations féminines pour mettre un frein à l’excision, qui a des conséquences désastreuses selon des spécialistes. En ce temps de Covid-19, les mesures imposées ont rendu difficile la sensibilisation.

« La pandémie du coronavirus a impacté toutes les activités en général, la lutte contre l’excision ne fait pas exception. Car le Mali a longtemps opté pour la sensibilisation pour amener les exciseuses vers un changement de comportement aboutissant à l’abandon au lieu de la répression. », explique Mme Diarra Kadiatou Sanogo, chargée de programme excision à la Coopérative des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (Cofesfa). Elle poursuit : « Ce faisant, on est obligés d’aller vers les gens, les rassembler, les informer. Toutes choses qui vont à l’encontre des mesures restrictives imposées en raison de la maladie. Aussi, il est à noter que pour se protéger, ces mêmes personnes sensibilisées comptent sur nous pour les doter en masques, gels et autres. Déjà que la sensibilisation est très difficile, le travail devient ardu. »

Avancées significatives

De 2011 à nos jours, selon Mme Diarra Kadiatou Sanogo, le combat de Cofesfa a permis à 72 exciseuses d’abandonner le couteau. Cela, dans 32 villages repartis entre les communes de Safo, Mandé et Dialakoroba.

Niakalé Kanté, ancienne exciseuse de Kirina-Somonoso, reconvertie en locatrice de chaises, justifie son choix d’abandonner : « De nos jours, il y a plus de maladie que dans le temps. J’ai été confrontée à quelques mésaventures qui m’ont poussé à déposer le couteau au profit de la location de chaises. Cela, après 19 ans de pratique ».

La lutte contre l’excision ne se limite pas qu’aux seules organisations féminines et l’accompagnement des partenaires financiers, vu que l’État malien y consacre une place de choix à travers des programmes nationaux, qui subissent aussi l’impact de la pandémie dans cette lutte. Cela a amené des avancées significatives du côté des acteurs étatiques.

Covid-19 ou pas…

Pour assurer une meilleure coordination des activités de lutte pour l’abandon de l’excision, le Mali a crée, en juin 2002, le programme national de lutte contre l’excision (PNLE), qui a rendu possible la mise en place d’un cadre de concertation favorisant ainsi un échange fructueux d’informations pour la réussite de la lutte, explique Amadou Dembélé, chef de l’unité prévention et plaidoyer au Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (PNVBG). C’est dans cette optique que ce programme, en collaboration avec les autres services techniques des différents départements sectoriels, les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers, s’est résolument engagé dans le processus de l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (MGF/Excision).

Selon M. Dembélé, les acquis en termes d’actions contre l’excision se poursuivent même en ce temps de Covid-19. Il en va, entre autres, de l’adoption de la politique nationale assortie de plan d’action 2010-2014 pour l’abandon de l’excision en Conseil des ministres en 2010 ; l’institutionnalisation de la journée du 6 février comme journée internationale de Tolérance zéro aux MGF sur toute l’étendue du territoire depuis 2004 ; l’introduction dans le curriculum d’enseignement des établissements scolaires et socio-sanitaires d’un module de formation sur les problèmes de l’excision. Outre ces progrès, Amadou Dembélé n’a pas manqué de lister les arrêtés, lettres circulaires et les feuilles de route signés par les autorités de 2002 à nos jours dont les effets restent toujours en cours.

Covid-19 ou pas, la lutte contre l’excision se heurte à des difficultés liées, entre autres, à la poursuite de la pratique clandestinement, le poids des acteurs religieux et autorités coutumières et la honte pour les victimes de confier leurs souffrances. En ce qui concerne ce dernier point, selon les spécialistes, les souffrances des victimes ont eu lieu le jour de l’excision (risques de tétanos, des infections transmissibles) ou encore les jours d’après, à savoir les fuites urinaires, le manque de plaisir sexuel voire des accouchements compliqués conduisant à la mort.

Source : Benbere

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