Des corps pouvant être ceux de 21 parachutistes disparus en 2012 ont été découverts près du fief de l’ex-junte. L’étau se resserre autour d’Amadou Haya Sanogo, arrêté le 27 novembre.
Aussi macabre soit-elle, la découverte d’un charnier dans les environs de la ville-garnison de Kati, qui fut longtemps le fief de l’ex-junte, n’a surpris personne au Mali. Diago, le village près duquel 21 crânes ont été déterrés dans la nuit du 3 au 4 décembre sous les yeux d’une délégation emmenée par le ministre de la Justice, avait été cité dès le mois de juillet 2012 par l’ONG Human Rights Watch comme possible lieu d’exécution de plusieurs des militaires fidèles à l’ancien président Amadou Toumani Touré – parmi lesquels de nombreux commandos parachutistes (les “bérets rouges”) – qui avaient tenté, le 30 avril 2012, de renverser la junte d’Amadou Haya Sanogo.
Des hommes ligotés aux yeux bandés
Quelques jours plus tard, dans la nuit du 2 au 3 mai, les habitants de Diago avaient bien entendu des coups de feu mais, effrayés, ils n’étaient pas allés y voir de plus près. À Kati, des témoins avaient assisté, la même nuit, à l’embarquement dans un camion de plusieurs détenus aux mains ligotées et aux yeux bandés.
Selon une source judiciaire, il ne fait guère de doute que les crânes retrouvés sont ceux de ces hommes, même si “des analyses doivent encore le confirmer”. “Nous avions des informations sur le lieu du charnier depuis quelques semaines, précise un magistrat. Et sur place, nous avons trouvé des indices nous permettant de croire que ce sont bien les “bérets rouges”.” Outre le fait que le nombre de corps déterrés correspond au nombre de personnes disparues cette nuit-là, les enquêteurs ont trouvé des tenues militaires et une pièce d’identité d’un sous-officier appartenant au corps des parachutistes.
Il semble que des proches de Sanogo aient donné des informations précises sur ce charnier au cours de leurs auditions ces dernières semaines. Pas de quoi rassurer le général, détenu depuis le 27 novembre. Inculpé de “complicité d’enlèvement de personnes”, l’ex-homme fort du Mali pourrait voir les charges qui pèsent contre lui s’alourdir. “Maintenant qu’on a des corps – si ces corps se révèlent être ceux des “bérets rouges” -, on peut parler d’assassinats”, indique une source judiciaire.