Dans son discours d’investiture ce vendredi 25 septembre 2020, le Président Bah N’Daw de la transition du Mali se dit « prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali » de ses rêves et de ses potentialités et que « l’impunité zéro soit la norme ».
Son Excellence Umaro Sissoco Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau,
Son Excellence Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO,
Son Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la Transition malienne de 2012-2013
Madame la Ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la CEDEAO,
Monsieur le Représentant de la MINUSMA,
Monsieur le Représentant de MISAHEL, Son Excellence Pierre Buyoya, ancien Président de la République du Burundi,
Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Anciens Premiers ministres et anciens ministres,
Chefs d’institutions en fonction et anciens,
Gouverneurs, maires et Conseillers municipaux,
Autorités Politiques, morales, religieuses et coutumières,
Ambassadeurs et représentants des organismes de coopération,
Compatriotes de l’Intérieur et de l’Extérieur,
Représentants de la Société civile et de syndicats,
En vos rangs, grades et qualités,
Tout protocole observé,
Qu’il vous plaise qu’avant toute chose, je rende grâce à Allah de nous avoir permis de voir ce jour, de faire en sorte que nous nous rencontrions pour le Mali, pour la grandeur du Mali, pour le confort du Mali !
Puissent ceux d’entre nous qui jouissent d’une bonne santé, continuer à bien se porter !
Puissent celles et ceux d’entre nous qui souffrent de maladie recouvrer la santé !
Puisse l’âme des êtres chers qui nous ont quittés, reposer en paix ! Ayons une pensée pieuse pour les soldats du Mali et des forces amies, tombés sur le champ d’honneur, FAMAs, Barkhane, Minusma qui ne sont là que pour assister le Mali dans sa guerre de libération. Ayons également une pensée pieuse pour tous les morts civils tombés lors de cette guerre et lors des récentes manifestations politiques !
Pour tous ces morts, je vous prie d’observer, avec moi, une minute de silence.
Je voudrais ensuite saluer le Conseil National de Salut Public pour son esprit patriotique, son sens du discernement et sa capacité d’écoute. L’investiture de son Président le Colonel Assimi Goita en tant que vice- président de la Transition en porte témoignage.
L’action du CNSP du 18 août, tout le monde en convient, est la conséquence de la très grave crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la nation des mois durant.
Au collège qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition, j’exprime toute ma gratitude. Je suis honoré par son geste et je voudrais lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance.
Que l’on me permette également de souhaiter la bienvenue au Président de la Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, en terre africaine du Mali ! Président Embalo, vous êtes chez vous, chez vos frères et chez vos sœurs.
Acceptez l’assurance de notre profonde sympathie et de toute notre gratitude pour votre présence ô combien significative parmi nous, en ce moment et en ce lieu !
Ma gratitude va également et bien entendu à la CEDEAO pour sa constante sollicitude envers notre pays et pour les sages conseils que le médiateur Son Excellence Goodlcuk Jonathan n’a cessé de prodiguer à ses frères maliens depuis juin.
Il est des nôtres désormais. Je salue sa présence et je voudrais l’assurer de la détermination des Maliens à conduire une transition stable, apaisée et réussie, dans les conditions et l es délais convenus. Plaise à Dieu !
Professeur Dioncounda Traoré, cher aîné, merci de venir rehausser de votre présence l’éclat de cette cérémonie. Que vous soyez à nos côtés ne nous surprend guère car tout ce qui concerne le Mali vous mobilise ! Votre expérience, votre endurance, votre foi en le Mali nous guideront.
Mes chers compatriotes,
Il me plait, solennellement, de dire à haute et intelligible voix, que je serai toujours disponible pour servir le Mali. Servir le Mali est un privilège et cela doit être un honneur pour chacune de nous, pour chacun de nous.
Malgré les poids des ans, malgré le confort de la retraite, je ne pouvais me soustraire à l’appel du devoir. Je ne pouvais hésiter un seul instant à sortir de mon champ pour venir, moi aussi comme beaucoup d’autres avant moi, à la rescousse de ce pays.
Le Mali m’a tout donné. Je suis heureux d’être son esclave soumis, prêt à tout pour qu’il renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues, des représentants légitimes.
Je n’ai pas d’autre mission. Je n’ai pas d’autre prétention.
Il s’agit pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national.
Car la maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses fondements depuis au moins une décennie.
Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes.
Et nous ne pouvons continuer, de manière incantatoire, à garder la tête dans le sable et à répéter sans chercher à empêcher le naufrage, à nous convaincre que le navire pourrait tanguer mais qu’il ne chavirerait jamais. Il peut chavirer et il chavirera si nous continuons à le faire tanguer.
Alors, si nous voulons survivre en tant qu’Etat, en tant que nation, nous devrons, sans perdre plus de temps, nous remobiliser.
Il faut qu’au cours de cette transition, nous nous donnions la main, que nous réfléchissions profondément ensemble pour reconstruire notre démocratie, laquelle avait été jadis, une vitrine admirée.
Nous devons tirer toutes les leçons de notre vécu immédiat, de notre histoire récente. Nous devons pouvoir identifier quelles ont été et quelles sont encore les forces et les faiblesses de notre parcours, quelles sont les opportunités que nous devons tirer de la transition en cours et quelles sont les menaces qu’il nous incombe d’enrayer.
Chers compatriotes,
Chers partenaires du Mali,
Une transition ne saurait tout faire. Elle doit se donner des priorités. Les nôtres ont été débattues, validées et consignées dans la Charte nationale de la Transition issue des journées de concertation des 10, 11 et 12 septembre dernier.
C’est cette charte qui constituera mon bréviaire et si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités.
Ma plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu indiscutablement.
Pour cela, il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, de solides contre-pouvoirs, car ce sont ceux-là, la force de toute démocratie.
Au nom du peuple malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage.
Chers compatriotes,
Une telle mission, je le sais, se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé.
Ces fléaux accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre
Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête.
L’armée, il est vrai, ne doit combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne sera pas accepté.
Cependant, les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à l’armée.
Chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le serment.
La bonne gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une obligation.
Ce sera là un chantier de la Transition. Il sera quotidien. Il sera renforcé et ne sera pas négligé un seul instant.
Générer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers.
Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques.
Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement.
Le Dialogue National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour mettre en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations.
Chers compatriotes,
La transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie.
Il en va de l’honneur de la République. Et il est important de redire aujourd’hui en ce lieu et en ce moment, que le Mali c’est le Nord, c’est le Centre, c’est le Sud, c’est l’Ouest, c’est l’Est, c’est l’ensemble de ses régions, l’ensemble de ses terroirs, l’ensemble de ses cultures, sa diversité, toute sa diversité, son admirable diversité. Nous devons préserver notre pays à tous. Et c’est à chacun de nous de jouer sa partition.
Il nous faudra également gérer, avec l’efficacité maximale la pandémie COVID 19. Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la garde. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la lutte contre cette redoutable pandémie une de ses plus grandes priorités.
Le Mali vaincra !
Vive la démocratie !
Que Dieu nous bénisse !
Source: icimali