Créée le 20 octobre 1991, la Coordination des associations et organisations féminines du Mali (CAFO) obtient son récépissé le 24 mars 1992 et devient une ONG. Comptant au 31 décembre 2011 plus de 2 500 ONG et associations membres, elle se positionne comme la faîtière de toutes les organisations féminines. Mais, depuis l’assemblée générale extraordinaire de décembre 2017, contestée par une partie de l’organisation, la CAFO, en bamanankan regroupement, est en porte à faux avec ses idéaux. Une cassure que l’on voit mal se recoudre tant les divergences sont réelles.
« Malheureusement, avec la démocratisation, les partis politiques sont entrés dans la danse », déplore Madame Soumaré Assa Diallo, Présidente du Comité d’action pour les droits de la femme et de l’enfant (CADEF) et du Comité ad hoc de médiation mis en place pour rapprocher les positions. Même si, grâce à la CAFO, plusieurs femmes sont devenues ministres, l’organisation a fini par être victime de son succès. « Les meilleures éléments ayant été récupérées d’une manière ou d’une autre », poursuit Madame Soumaré.
Si elle a refusé de prendre part à une assemblée générale « illégale » pour une partie des membres, c’est à l’issue de celle-ci que sera élue Présidente Madame Dembélé Oulématou Sow. Une décision qui mettra le feu aux poudres et déclenchera une procédure de justice, dont le dernier acte a été posé ce 15 février 2021. La Cour suprême a ainsi rejeté au fond, « comme mal fondée », la requête en rabat d’arrêt de Madame Keita Fatoumata Sissoko.
En clair, la décision qui avait déclaré l’assemblée générale de décembre 2017 irrégulière a été « cassée ».
Statu quo
Malgré cette décision, la situation à la CAFO reste paradoxale. Les bureaux du siège sont fermés et un groupe de femmes disant appartenir aux « 2 camps » est présent dans la cour, dans une ambiance apparemment bon enfant.
Mais; déterminée à préserver l’idéal qui a prévalu à la création de ce regroupement, « l’unique volonté et l’engagement pour la cause des femmes par des femmes unies et solidaires », Madame Soumaré ne veut pas se résoudre à « cautionner la cassure de cet ensemble féminin ».
Plusieurs tentatives de médiation ont déjà été entreprises. Avec les « religieux, les partis politiques, les chefs de quartier, jusqu’à la Primature », précise-t-elle. Mais, alors que le Premier ministre de l’époque avait donné des instructions fermes pour résoudre la crise de la CAFO, l’autre camp a saisi la Présidence. Le dossier a fini par atterrir chez le Médiateur de la République, qui a rendu un rapport, mis en instance jusqu’à la crise institutionnelle de 2020.
Espoirs de réconciliation
Même s’il est mince, Madame Soumaré veut garder l’espoir qu’un jour la CAFO se retrouvera. Avec la médiation désormais soutenue par un consortium des membres fondateurs et élargie aux organisations AJM, APDF, COFEM, CADEF, Panafricaine et Wildaf, les démarches ont repris. Même si certaines qui devaient appuyer le travail se sont replongées dans des considérations personnelles, ce qui a « remis l’affaire de la CAFO aux calendes grecques », regrette-t-elle.
Le consortium, « Cœur de femme », consacrera sa première action depuis décembre à un dialogue intergénérationnel avec les étudiantes afin de trouver une porte de sortie, avec des modérateurs issus du milieu religieux pour rappeler les concepts de l’éducation et mettre en avant les principes de la laïcité, parce que c’est le rôle des leaders de la promouvoir, estime Madame Soumaré.
Refusant donc d’assister « la mort dans l’âme » à cette situation, elle espère qu’un jour la sagesse reprendra le dessus. Même si des voix s’élèvent pour un remplacement de la CAFO, elle estime qu’il s’agit d’un acquis qu’il faut consolider, pour « faire émerger des jeunes avec un esprit différent de l’actuel, vicié. Il est possible de faire renaître la CAFO dans l’optique de la refondation du Mali ».
Fatoumata Maguiraga
Source: journaldumali