Dans un rapport rendu public le 3 juin, le secrétaire général des Nations unies a appelé à renforcer la présence de la force onusienne de maintien de la paix dans le centre du pays pour éviter la poursuite des violences.
Le chef de l’ONU s’est dit « consterné » par la montée des violences et a appelé le gouvernement à renforcer sa réponse contre les groupes extrémistes. « Si ces inquiétudes ne sont pas prises en compte, il y a un fort risque d’escalade qui pourrait aboutir à la commission d’atrocités », a souligné le secrétaire général, dans le document adressé au Conseil de sécurité.
L’appel des Nations unies vient à point nommé en raison de la détérioration de la situation au Mali. En témoigne le fait que quelque cent soixante habitants d’un village peul du centre, Ogossagou, ont été tués le 23 mars. Le drame, reconnu comme la plus grave tuerie qu’ait connue le Mali depuis 2012, a suscité une vague d’indignation populaire et des manifestations aboutissant un mois plus tard à la démission du gouvernement, jugé incapable d’endiguer la hausse des violences liées aux groupes djihadistes et aux troubles intercommunautaires.
Compte tenu des derniers développements de la situation dans le pays, Antonio Guterres recommande que la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali, la Minusma, ne soit pas réduite, malgré les appels des Etats-Unis en ce sens. Il recommande également que la présence de la Minusma soit renforcée dans le centre du pays en y déployant une ou deux unités de police, soit deux cent quatre-vingts agents.
En attendant ce qui pourra être fait pour augmenter les effectifs de la force internationale, le Conseil de sécurité doit se prononcer, le 27 juin, sur le mandat de la Minusma, mise en place après l’intervention militaire menée par la France en 2013 pour chasser les djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali.
Le rapport note que la mission devrait être renouvelée pour un an, avec un effectif maximum inchangé de 13 289 militaires et de 1 920 policiers. Or, actuellement, celle-ci compte quelque 14 700 militaires et policiers déployés, pour l’une des missions de l’ONU les plus dangereuses, avec quelque cent vingt morts dans des actes hostiles.
Le document évoque, par ailleurs, la gestion d’un camp dans le nord du Mali, précisant qu’il pourrait être transféré aux forces maliennes. Ce qui permettrait de libérer six cent cinquante personnes pour des renforts dans la région de Mopti, dans le centre du pays.
Il sied de rappeler qu’un rapport d’International crisis group, rendu public le 28 mai dernier, recommandait aux autorités maliennes de dialoguer avec les djihadistes pour chercher à ramener la paix dans le pays. Il soulignait que les violences meurtrières qui se multiplient dans le centre demeurent sans perspective de solution militaire.
En 2015, un accord de paix avait été signé à Bamako entre le gouvernement malien et des groupes armés, mais près de quatre ans plus tard, il a échoué à stopper les violences. Et malgré la présence de la Mission des Nations unies et de la force du G5 Sahel au Mali, lancée en 2017, la situation ne cesse de se dégrader au centre du pays, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences terroristes, souvent mêlées à des conflits intercommunautaires.