Au Mali, nous assistions petit à petit au regroupement ethnique, religieux… sous forme de communautarisme ‘’radical’’ au grand dam des pouvoirs publics.

Le communautarisme est cette tendance à faire prévaloir les spécificités (ethniques, culturelles, sociales…) au sein d’un ensemble social plus vaste, selon le dictionnaire Robert.

Depuis un certain temps, nous assistons à une communautarisation acerbe de notre société. Elle se manifeste par un regroupement de même ethnie ou de tendances religieuses surtout.

Pourquoi un développement brusque du communautarisme dans notre pays ?

Les raisons sont multiples et complexes. Il est loisible de constater une montée en puissance des associations à caractère racial ou ethnique.

Au départ, ces associations sont organisées pour la promotion de la culture ou la défense des intérêts économiques ou moraux face à la déperdition ou des prédateurs. Ce désir de s’associer en est sans doute resté une prédisposition à se replier au sein de communautés (groupe, tribu, race, ethnie, religion…). C’est une attitude puissante qui tend à la fragmentation, la dislocation, la confrontation.

Aujourd’hui, suite à l’évolution de la société, à cette prédisposition ou tendance à se regrouper, les populations se rassemblent selon des traits communs, des intérêts. Ce qui est important dans un groupe, c’est sa cohésion. L’unité fait sa force. C’est ainsi que, face par exemple à l’injustice sociale ou judiciaire, les abus des gendarmes ou préfets en milieu urbain et rural (surtout), le communautarisme prend de plus en plus d’importance et fait valoir sa capacité de réaction, d’opposition ou de protection. Dès lors, toutes les ethnies (presque) ont leurs regroupements ou associations soit pour promouvoir un terroir, une culture, une langue, mais aussi se défendre contre les agressions extérieures.

Notre pays vit une menace sérieuse en assistant impuissamment à un développement exponentiel des regroupements à caractère ethnique ou racial ou même religieux.

Avoir de prés, c’est le résultat de plusieurs décennies de frustrations accumulées. Pendant longtemps, la justice sociale a manqué, pis elle s’exacerbe de plus en plus.

La crise socio-politico-sécuritaire que vit le Mali actuellement a été un élément moteur de cette montée en puissance du communautarisme.

Comme des blessés au bord de la route, les éclopés de l’injustice ont trouvé refuge dans leur communauté respective. L’Etat est superbement ignoré et devient un élément à défier et à affronter (fièrement), tout comme n’importe quel autre regroupement « ennemi» d’en face. C’est cette culture du communautarisme qui essaye d’occuper le terrain et nous envahir.

Certes, nous ne sommes pas dans un Etat policier, cependant il urge de veiller à la création de telle ou telle association ou regroupement, afin de ne pas être victime de notre création. Ce spectre plane déjà sur nos têtes. De ce point de vue, il peut engendrer un tort irréparable aux mêmes fils du pays. La nation, la République doit être égale face à tous les citoyens et jouer pleinement son rôle d’arbitre.

Levy Dougon

Source: lesechos