Depuis 2012, dans le nord du Mali, les conditions de vie se sont dégradées, entraînant une hausse des prix. A Gao, pourtant, les femmes se mobilisent pour soutenir leur famille. Plus de 50 % d’entre elles se seraient lancées dans la transformation de produits agro-alimentaires. Mais non sans quelques difficultés. Témoignages.
Fakoye (plante séchée), monicourou à base de mil (bouilli), boule d’akassa (mélange à base de miel, pâte d’arachide et de mil)… Voici quelques-uns des nombreux produits transformés par Fatouma Alhoudji, mère de famille vivant dans la ville de Gao, dans le nord du Mali. « Je me suis lancée dans ce métier pour aider ma famille, surtout les enfants, parce que la vie est devenue chère ici, explique-t-elle. Et nous, les femmes, on a un rôle à jouer financièrement ».
Seule à transformer ses matières premières, elle peut cependant compter sur l’aide financière de son mari et l’appui de ses enfants dans certaines tâches. « Mes clients sont en majorité les étrangers et les ONG qui viennent à Gao. Mais j’aimerais avoir plus d’équipement pour produire davantage et améliorer la qualité de mes produits », précise-t-elle.
En quête de partenaires
Mariam Maïga s’est elle aussi lancée dans la transformation de produits de base comme de la viande séchée ou encore du fonio mélangé à de la poudre d’arachide (diouka), etc. « Parce que j’aime beaucoup ce métier ! », s’exclame-t-elle.
Mais contrairement à Fatouma Alhoudji, elle a préféré travailler au sein d’une petite entreprise. « Ici, à Gao, c’est très difficile de se procurer certains produits comme le fonio, l’arachide. Nous sommes obligées de passer la commande de nos matières premières à Bamako, la capitale. Mais la route n’est pas en bon état. Et puis, il y a la distance. Donc, cela revient très cher ».
Elle souhaiterait trouver un partenaire. « Cela nous donnerait l’occasion de pouvoir stocker nos produits. En 2019, une ONG nous avait donné 600 000 F CFA, ce qui nous avait permis d’acheter nos matières premières et du matériel. Et puis, à Gao, il y a beaucoup de concurrence. Tout le monde se bat pour gagner son pain. Avoir un partenaire nous permettrait de nous former et de régler le problème de l’approvisionnement et de l’équipement ».
Autonomisation et coopérative
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Lala Maïga est présidente de la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO), à Gao. Elle transforme aussi des produits locaux en jus, sirop, yaourt comme les dattes sauvages, le tamarin.
« La population de Gao apprécie vraiment nos produits. Et ce travail contribue à l’autonomisation des femmes. Elles peuvent ainsi financer les frais de scolarisation de leurs enfants. Mais, il faudrait qu’elles acceptent de s’associer davantage. Elles sont vraiment courageuses, car beaucoup sont seules et payent elles-mêmes leurs matières premières. Mais je souhaiterais qu’on puisse travailler en coopérative. Nous pourrions obtenir plus facilement des financements et ainsi diversifier la gamme de nos produits, nous perfectionner et avoir des équipements modernes. Mais cela reste très difficile de les convaincre à se réunir autour de ce projet », regrette-t-elle.
Youma Cissé
Journaliste à la radio Fitila, Gao, Mali
RFI