CRISE. Détenus depuis plus d’un mois au Mali, ils sont accusés par les autorités maliennes d’être des « mercenaires », ce que nie Abidjan.
Imbroglio
Selon Bamako, ces soldats n’avaient « ni ordre de mission ni autorisation » à leur arrivée au Mali le 10 juillet. Dès le lendemain, ils étaient accusés par les autorités maliennes d’être des « mercenaires » venus au Mali avec le « dessein funeste » de « briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ».
Pour Abidjan, leur présence était au contraire « bien connue des autorités maliennes ». Ils faisaient partie des Éléments nationaux de soutien (NSE), procédure de l’ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires pour des appuis logistiques. C’est aussi ce que soutient la Minusma, et son porte-parole Olivier Salgado, le lendemain de leur arrestation. Dans la foulée, le Mali avait durci le ton contre la Minusma, présente sur son territoire depuis 2013 pour l’aider à lutter contre les groupes djihadistes qui le déstabilisent par la violence.
Les rotations des contingents militaires et policiers de l’ONU sont suspendues et M. Salgado est expulsé pour avoir publié des « informations inacceptables » sur le sujet, selon Bamako. Quelques jours plus tard, l’ONU reconnaît des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admet que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».
« La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou [Bamako] pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (Nord) où est basé le contingent ivoirien de la Minusma », est-il notamment expliqué.
Le Mali continue d’exiger que la Côte d’Ivoire reconnaisse sa responsabilité et exprime « des regrets » pour le déploiement de soldats sur son territoire sans cadre légal, selon des sources diplomatiques proches des négociations. Bamako demande également à Abidjan de lui livrer des personnalités maliennes présentes en Côte d’Ivoire et recherchées par la justice du Mali, selon ces sources. Autant de conditions rejetées par le gouvernement ivoirien, qui a affirmé que le processus de libération « sera peut-être long ».
Pour les observateurs, cette affaire est une illustration des tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, accusée par Bamako d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d’État depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.
Négociations difficiles
Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais de premières négociations le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès. Selon une source proche de ces négociations, « les discussions, pourtant avancées, ont buté sur certains points, ce qui peut expliquer ce retour judiciaire en force dans le dossier ». « La justice va continuer son travail, mais les négociations vont continuer aussi », a-t-il ajouté.
Le président en exercice de l’Union africaine, le président sénégalais Macky Sall, qui effectue une visite « d’amitié et de travail » dans la capitale malienne, doit s’entretenir avec le chef de la junte, Assimi Goïta, et le cas des 49 soldats ivoiriens devrait figurer au menu de leurs discussions.
Source : Le Point Afrique