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MALAISE VÉGAL AU MALI POUR TOMI

La justice malienne déblaie le terrain pour les juges français, sur la piste du «parrain des parrains» corses.

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Démocratie malmenée par un coup d’Etat militaire, des infiltrations terroristes, un président Ibrahim Boubacar Keïta mal élu, le Mali vient de donner une leçon à nombre d’États de droit occidentaux. Par la grâce d’un vestige du temps de sa splendeur passée et pas si lointaine, au début des années 2000, quand le pays Dogon était l’un des régimes les plus avancés et transparents d’Afrique de l’Ouest.

Cette belle époque a vu en 2002, s’instituer à Bamako un vérificateur général du Mali,rapidement baptisé Végal par la vigoureuse presse locale,  et chargé de passer au crible les finances de l’Etat et d’enquêteur sur saisine du gouvernement. Un OVNI dans l’histoire juridique africaine, inspirée du grand frère canadien. Nommé pour 7 ans, non renouvelable, le Végal Amadou Ousmane Touré a frappé un grand coup. Pendant plus de 6 mois, le vérificateur a décortiqué les deux plus gros contrats militaires passés par l’État malien depuis l’accession d’Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, au pouvoir en 2013: l’achat du Boeing 737 présidentiel et la fourniture d’équipements aux Forces armées maliennes. Ou, dans le jargon administratif «L’ACQUISITION D’UN AÉRONEF ET FOURNITURE AUX FORCES ARMÉES MALIENNES DE MATÉRIELS D’HABILLEMENT, DE COUCHAGE, DE CAMPEMENT ET D’ALIMENTATION (HCCA), AINSI QUE DE VÉHICULES ET DE PIÈCES DE RECHANGE. »

DES DÉTOURNEMENTS ÉQUIVALENTS AU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE

De la lecture des 241 pages du rapport monte un parfum qui ressuscite les plus anciennes senteurs de la Françafrique : sociétés écrans installées dans les paradis fiscaux pour acquérir l’avion présidentiel, intermédiaires multiples, surfacturations et gabegie institutionnalisée pour habiller l’armée malienne. Un exemple parmi d’autres. Pour la fourniture d’équipement militaires, a été fait appel à «une SARL au capital de 3 millions FCFA, qui se voit attribuer, sans avoir même demandé, un contrat de 69 milliards FCFA, exonéré de tous droits d’enregistrement et à la clé une garantie de l’acheteur – état – sans laquelle la banque n’aurait jamais financé une telle opération au profit de cette société. Peut-on indiquer le moindre risque qu’a pris cette entreprise dans le cadre de ce contrat, pour bénéficier in fine d’une marge bénéficiaire de plus de 25 milliards FCFA ?».  En comparaison, rappelle le Végal, « les budgets du Ministère de la Justice (8,4 milliards FCFA), du Ministère de la Culture (3,1 milliards FCFA), du Ministère de la Fonction Publique (1,8 milliard FCFA), du Ministère de la Réconciliation Nationale, Développement des Régions Nord (2 milliards FCFA) et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (10 milliards FCFA), réunis, font 25,3 milliards FCFA.»  Au bout de ses calculs, l’autorité indépendante malienne estime à 9 350 120 750 FCFA – soit 14,3 millions d’euros – les sommes détournés du trésor public dans le cadre de ces contrats. Ce montant a été jugé suffisamment indécent pour saisir le procureur de la procureur de la république des faits de «faux, usage de faux, fraude fiscale, détournement des fonds publics et trafic d’influence».

VIEILLES CONNAISSANCES DE LA CORSAFRIQUE ET NOUVEAUX RÉSEAUX FINANCIERS

Les écrits maliens risquent de passionner les juges français Hervé Robert et Serge Tournaire, partis sur les traces de l’empereur des jeux Africains, Michel Tomi. En sus de ses casinos, le dirigeant du groupe Kabi s’est, dans la dernière décennie, piqué de BTP, d’aviation et d’intermédiation, notamment au Mali. Proche d’IBK, l’homme d’affaires, présenté par les services de police français comme le dernier parrain corse, semble avoir joué un rôle décisif dans la conclusion des deux contrats étrillés par le Végal.

Selon les annexes du rapport, Marc Gaffanjoli, son homme de confiance à la tête d’Afrijet, sa compagnie d’aviation qui avait loué un Bombardier à IBK aux premiers temps de sa présidence, a négocié la vente du Boeing 737 pour le chef de l’Etat. Une vente aux détours fort exotiques, négociée entre Hong Kong, Tortola et le Mali. Sky Colour, société basée à Hong Kong représentée par le Tomi Boy Gaffanjoli, a été mandaté par l’Etat malien pour acheter le Boeing à Akira, sis aux îles Vierges Britanniques.

Le zinc, dont l’acquisition «se situe dans la fourchette de 30 à 40 millions $US», n’a en fait jamais été immatriculé au Mali, les documents jamais traduits en Français, et l’avion immobilisé cet été en Suisse sur ordre du fisc américain. Autant d’ingrédients qui font douter non seulement de la légalité du montage financier mais aussi de la propriété finale de la carlingue au propre ministre de la défense malien à l’époque de la signature du contrat, Souleymane Boubeye Maiga…

Quant à la fourniture des tenues militaires, elle semble aussi marquée de la patte Tomi. Fournisseur de l’armée malienne, via l’entreprise locale Guo Star, Mag Force International, basée à Aubervilliers, s’était auparavant fait une réputation sur le continent sous le nom de CSV International. A sa tête, siège encore un vieux routier des réseaux françafricains, Robert Franchitti, aussi proche de Michel Tomi que de l’étoile montante de la nouvelle Françafrique, Vincent Miclet. Longtemps tout puissant en Angola, Miclet s’est désormais installé au Gabon où Tomi, contrôle judiciaire oblige, ne s’est pas rendu depuis des mois.

Outre Tomi, deux autres chefs d’entreprises ont été mis en examen dans la procédure française, dont un spécialiste de la fourniture de tenues militaire.

Source: bakchich.info

 

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