À la veille du meeting organisé par Espoir Mali-Koura (EMK), le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la CMAS (qui regroupe les mouvements de soutien à l’Imam Dicko), nous avons souhaité publier une seconde fois une interview, à nous accordée, par l’ancien président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, aujourd’hui, au centre de vives polémiques au sujet de son implication dans ces contestations, à l’organisation de meetings et autres mouvements de protestation.
Ici, il évoque ses rapports avec le président qui, à ses dires, étaient bons, des rapports entre la religion et la politique, etc. Même si Mahmoud Dicko n’est plus président du Haut conseil islamique, il faut rappeler que les reproches qui lui sont faits quant à son immixtion sur la scène politique et son opposition à la politique et à la gestion du président IBK.
Le président Mahmoud Dicko, très habitué à ce genre de rencontre, sans prise de tête, a inscrit l’évènement dans une convivialité irréprochable. Contrairement à la formule classique de questions/réponses, les échanges ont consisté, dans un premier temps, à tirer au clair la rumeur de brouille entre IBK et les leaders religieux dont Mahmoud Dicko et, dans un second temps, à brosser la situation globale politico-sociale et économique du pays.
«Cette rumeur de mésentente entre IBK et moi, je vous avoue que moi-même c’est dans la presse que j’ai appris ça. Je ne sais pas d’où les auteurs sortent cette calomnieuse invention ni même ce que ses auteurs comptent atteindre en l’inventant. Croyez-moi, je suis en très bons termes avec le président de la République. Maintenant, pour ce qui est de la relation entre IBK et la communauté musulmane, il est important que les gens distinguent les choses.
Nous sommes dans un pays majoritairement musulman, avec plus de 90% de la population. Le président de la République a été élu avec un score très élevé par la population dans l’objectif du changement. Il va de soi que cette population, ne constatant pas ses aspirations prises en compte, commence à murmurer.
Et, il n’en faut pas plus pour que les langues se délient et donnent une connotation religieuse à ça. Personne n’ignore que l’horizon n’est pas encore dégagé, les uns et les autres s’attendent à des actions et des comportements qui n’arrivent toujours pas. Ça se comprend, le pays ne nous appartient pas encore seuls. Ajouter à cela, la parenthèse islamiste qui s’est greffée à la crise. Forcément, ça ne serait pas évident que tout puisse rouler à fond comme nous le désirons.
Et, pour ma part, c’est justement afin d’éviter ce genre de commentaire que j’ai pris sur moi la décision de disparaître de la scène. Cependant, je ne laisse aucune occasion où je peux lui donner un conseil m’échapper. En public, comme c’était le cas lors de la présentation de vœux, ou alors en privé», nous a-t-il précisé.
L’autre sujet brûlant, qui a animé les échanges, portait tout naturellement sur la crise du Nord et les tournures que montre le semblant de dénouement amorcé. Là-dessus, il a été, on ne peut plus clair. En affirmant qu’il trouve inopportun de compromettre une formule qui a déjà porté ses fruits, parlant de la médiation du Burkina Faso.
«Vous savez, dans cette crise, tous les pays se valent ; donc, je ne pense pas que l’entrée du Maroc, si ça en est une, cela soit mauvais en soi. Cependant, je ne trouve pas nécessaire que le Burkina soit dépossédé du dossier. De toute façon, l’implication du Faso, en accord avec la communauté internationale, nous a permis d’être là où nous sommes aujourd’hui. Donc, à mon sens, il n’y a aucune honte à retourner dans ce même pays pour continuer et achever ce que nous avons entamé. C’est là qu’a été retrouvé l’accord qui nous a permis de faire nos élections. Alors, à quoi bon liquider cet acquis ?».
La Rédaction
Nouvelle Libération