La salle Awa Keita de l’Assemblée Nationale du Mali a abrité le jeudi 9 novembre dernier, une journée d’échanges entre les différentes commissions de l’Assemblée nationale et la MINUSMA sur le mandat de cette force au Mali. C’était en présence du président de l’Assemblée Nationale Issaka Sidibé.
D’entrée de jeu, le président de l’Assemblée nationale a salué les actions de la MINUSMA pour le pays en général et pour les députés en particulier. Il a indiqué que malgré tous les efforts de la communauté internationale, les populations maliennes aussi bien que le personnel de la MINUSMA continuent d’être la proie des bandits et des terroristes quientravent le processus de stabilisation du pays.
« Nous ne comprenons pas non plus que malgré tous les moyens dont la MINUSMA est censée disposer, en termes de renseignement et d’équipements, les ennemis de la paix continuent à évoluer dans leurs manœuvres criminelles », a laissé entendre le président de l’Assemblée Nationale. Avant d’ajouter que cette journée d’échanges leur permet de lever le voile sur ces différentes interrogations.
Lors de cette journée, les députésont exprimé plusieurs préoccupations des populations au chef de la MINUSMA. Il s’agit entre autres du système de traitement d’informations de la division des Droits de l’Homme du système des Nations Unies que les députés ont jugé partisan. Il était également question des violations de l’accord par les groupes armés en toute impunité ainsi que le rôle de cette force onusienne présente depuis 2013 dans la stabilisation du pays. Des députés ont aussi évoqué des problèmes de mœurs dans lesquels, les agents de la force onusienne sont cités avec des contrats à caractère sexuel et la suite réservée aux différentes tueries de la part de la MINUSMA lors des manifestations pacifiques à Gao et à Kidal qui ont vu les casques bleus tirer à balle réelle sur des civils.
En réponse, Mahamat Saleh Annadif a précisé que le mandat de la MINUSMA récemment renouvelé n’est pas de lutter contre le terrorisme et tel ne sera pas le cas. Il a tout de même reconnu à l’instar des députés, les conséquences de cette limitation de son mandat avec l’impossibilité d’aller dénicher les terroristes dans leurs nids. C’est pourquoi, Mahamat Saleh Annadif a insisté sur le renforcement des capacités de l’armée malienne, seule alternative pour le Mali afin de garantir son intégrité territoriale. Il a donné l’exemple de son pays le Tchad qui a opté pour la formation et l’équipement de son armée. Toute chose qui est entrain de porter fruit aujourd’hui. Pour lui, cette option est mieux que la multiplication des forces sur le terrain. Car une armée bien équipée sera en mesure d’assurer le rôle de protection de la population. C’est pourquoi, il a salué les actions en cours par les autorités maliennes visant à équiper l’armée. Avant de promettre l’accompagnement de la MINUSMA dans ce sens.
Le chef de la MINUSMA a par ailleurs reconnu des insuffisances dans le traitement des informations sur les cas de violations des Droits de l’Homme. Aussi, il a reconnu les difficultés dans la mise en œuvre de l’accord mais a fait savoir que son organisation n’a jamais accusé une seule partie d’être la cause, mais l’ensemble. C’est pourquoi, il dira qu’il aurait souhaité que les députés invitent toutes les parties signataires de l’accord à cette journée d’échanges pour les interroger aussi. Pour lui, la signature de l’accord est un des acquis de la MINUSMA que les députés devraient reconnaitre durant cette rencontre. Mais tel n’a pas été le cas, regrette-t-il. D’après lui, c’est aussi grâce à la MINUSMA que le Mali a pu organiser les élections présidentielle et législative de 2013.Dans la majorité, les députés ont jugé le bilan de la MINUSMA peu satisfaisant.
La journée a pris fin par la lecture d’une résolution dans laquelle, les députés ont dénoncé et condamné toutes les attaques perpétrées contre les Forces Armées Maliennes et internationales ainsi que les populations civiles au Mali, le caractère partisan des Organisations de Défense des Droits de l’Homme dans le traitement des informations et dossiers relatifs aux violations des droits de l’Homme au Mali. Ils ont apporté leur soutien total et indéfectible aux forces de défense et de sécurité, au gouvernement et au président de la République du Mali dans leurs efforts de sauvegarde de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale. Avant d’inviter la MINUSMA et les parties signataires de l’Accord à se conformer aux décisions du Conseil de Sécurité autorisant la MINUSMA à aider les autorités maliennes à procéder au retrait et à la destruction des mines et autres engins explosifs et à gérer les armes et munitions, à renforcer la coopération et la collaboration de la MINUSMA avec la force conjointe du G5 Sahel. Dans leur résolution, les députés ont souligné l’insuffisance de l’accompagnement du Comité de Suivi de l’Accord dans les efforts du Gouvernement pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale. Ils ont salué les efforts en cours du Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR), l’ont exhorté à renforcer son soutien au Gouvernement pour diligenter le retour et la réinsertion des populations réfugiées et déplacées. Avant d’exhorter la MINUSMA à apporter tout son soutien à l’organisation des prochaines élections communales, régionales, législatives et présidentielles afin qu’elles se tiennent dans un climat de paix et de sécurité sur toute l’étendue du territoire national….
M.Dolo
Source: Tjikan