Dans un entretien exclusif, Mahamane Mariko, juriste, responsable du cabinet d’assistance administrative et juridique (GSM SARL) et président du parti politique CRAJ (Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice), donne son avis sur la conduite de la Transition. Tout en saluant les efforts militaires sur le terrain, l’ancien secrétaire général de l’AEEM propose une issue consensuelle à la fin de la Transition pour “mettre en place un pouvoir qui marche sur la légitimité et la légalité”.
Aujourd’hui-Mali : Quel bilan dressez-vous de la Transition ?
Mahamane Mariko : D’abord il faut rappeler le contexte de crise sociopolitique et sécuritaire de notre pays après la réélection d’IBK en 2018 et une absence de réponses efficientes dudit régime. Face à l’impasse, des grognes sociales ont favorisé la prise du pouvoir par le CNSP dirigé par les 5 colonels le 18 août 2020. Au lendemain du coup d’Etat, les manifestants prouvent encore une fois de plus, l’agacement des populations et qui pensent trouver refuge auprès des militaires. Les premières déclarations des nouveaux hommes forts ont été rassurantes par le fait qu’elles prônaient un Mali souverain sécurisé par ses Forces défense et de sécurité, des reformes politiques, administratives, économiques, plus de justice sociale et unir les Maliens par la justice et la paix. Quatre années plus tard après nous sommes en droit de savoir que reste-t-il de leurs engagements ? Pour réaffirmer la volonté souverainiste, les nouvelles autorités de la Transition ont mis fin à l’accord de coopération entre le Mali et la France jugée léonine. A la demande des autorités malienne, une résolution onusienne (Minusma) met un terme à sa mission au Mali en 2022.
Des efforts militaires ont permis de donner un coup de fouet au moral des troupes sur le théâtre des opérations. Il faut ajouter l’appui russe souvent décliné sous forme privée ou étatique qui a fortement contribué à la reconquête de la ville de Kidal. Ce qu’il ne faut pas occulter, c’est la situation difficile des populations du Centre avec les différentes attaques terroristes. Ce qui prouve que des efforts reste à faire pour consolider la situation sécuritaire.
Et sur le plan politique ?
Sur le plan politiques, les ANR ont permis de proroger la Transition et indiquer le format de la nouvelle Constitution. Logiquement, la promulgation de la nouvelle constitution en juillet devrait couronner la fin de la transition par la mise en place des institutions légales à l’issue des élections transparences et crédibles. Il faut faire attention que la transition ne perdure indéfiniment.
Dans le domaine de la diplomatie malienne avez-vous des observations ?
Sur le plan diplomatique, les autorités ont opté pour la rupture souverainiste en prenant le leadership avec la mise en place de l’AES. Si cette décision s’explique par la faiblesse et l’incapacité de la Cédéao face à l’insécurité grandissante dans la sous-région. Cependant il faut revoir la décision de retrait de l’organisation sous-régionale qui demeure un modèle â reformer.
Il faut renforcer la capacité de la justice pour faire face à la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Il faut encourager des efforts dans l’organisation des examens et concours et renforcer la cohésion sociale. Nous devons trouver une issue consensuelle à la fin de la transition pour mettre en place un pouvoir qui marche sur la légitimité et la légalité. Le pays a besoin de relance économique ce qui n’est possible que dans un cadre de paix et de pluralité d’opinions et d’options.
Propos recueillis Kassoum Théra
Source: Aujourd’hui-Mali