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Magnambaga : Une tradition controversée

Au Mali, après le mariage, il n’y a pas de voyage de noces. Les jeunes mariés sont plutôt gardés dans une pièce, qu’on appelle Kognon so, la chambre nuptiale, pendant une semaine. Durant cette période, une femme de caste très expérimentée appelée Magnambaga, conseillère conjugale, accompagne la jeune mariée. Elle lui apprend les bases de la vie de couple. Mais, actuellement, on a tendance à se passer de son assistance.

La Magnambaga, qui est généralement une dame Noumou ou Garanké, était par le passé très sollicitée. Elle apprenait à la mariée les différences entre sa vie de célibataire et ses responsabilités d’épouseainsi qu’à satisfaire sexuellement son homme. Elle donnait des astuces à la nouvelle mariée pour faire d’elle une femme accomplie et l’aidait également à s’améliorer sur le plan religieux, nous explique Sira Dimassi, conseillère conjugale.

Vue sous cet angle, l’Imam Mamady Karabenta ne voit pas de mal dans cette pratique. Selon lui, même si cette coutume n’est pas fondée sur l’Islam, il ne la condamne pas. Mais la religion musulmane condamne certaines pratiques des Magnambaga, comme d’annoncer la virginité de la jeune mariée en présentant un drap blanc taché de sang pour en témoigner ou d’assister physiquement les mariés lors des rapports sexuels. « Ce sont des pratiques qui violent leur intimité et qui n’honorent pas les mariés », estime l’Imam Karabenta.

Une pratique qui perd tout sens

Aujourd’hui devenue un fonds de commerce, cette tradition est en passe de disparaître. Selon Sira Dimassi, conseillère conjugale, elle ne peut pas être pratiquée par tout le monde. « Les enseignements qui sont censés être dispensés ne se font plus. C’est juste devenu un gagne-pain maintenant et beaucoup ont arrêté de faire appel à notre assistance », regrette-t-elle.

Awa Keïta estime que la pratique n’a plus sa raison d’être. Elle estime qu’on faisait recours avant à la Magnambaga parce que les jeunes filles étaient vierges lors de leur mariageIl fallait donc les préparer à leur première relation sexuelle, ce qui n’est plus nécessaire aujourd’hui.

De son côté, Modibo Sidibé est catégorique. Il ne voudra pas de conseillère nuptiale pour son mariage, parce que de nos jours elles sont de plus en plus jeunes et plutôt prêtes à passer la corde au cou du mari. Elle ne font plus que transporter les repas, estime-t-il.

Maryam Camara

 

 Source : Journal du Mali

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