À Madagascar, la décision du président de la République de réduire le nombre de sénateurs de 63 à 18 fait réagir. Lors d’un Conseil des ministres ce 22 mai, Andry Rajoelina a modifié par ordonnance la loi relative au fonctionnement du Sénat. Une réduction du nombre de parlementaires pour faire des économies sur une institution budgétivore, explique la présidence.
« Une démocratie a toujours un coût. » C’est la réponse du président du Sénat, Rivo Rakotovao, après l’annonce de la réduction drastique du nombre de sénateurs par le président de la République. « Je suis pour la bonne gouvernance mais les indicateurs d’une démocratie, ce n’est pas seulement la construction d’infrastructures. On ne peut pas évaluer les parlementaires par rapport à cela », poursuit ce proche de l’ancien chef de l’État Hery Rajaonarimampianina.
En réduisant le nombre de sénateurs, Andry Rajoelina souhaite en effet faire des économies, qui serviront notamment à construire des universités. Douze sénateurs seront élus et six nommés par le chef de l’État. Fin avril, ce dernier avait tenté d’organiser un référendum pour modifier la Constitution et supprimer le Sénat. Référendum qui n’avait pu avoir lieu après un avis défavorable de la Haute Cour Constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays. Les sénateurs ont déjà déposé une demande d’interprétation auprès de la HCC concernant cette ordonnance.
Le budget devrait être réduit de moitié
La société civile, elle, demande des éclaircissements sur les sommes économisées. Faraniaina Ramarosaona est la coordinatrice des actions de lutte contre la corruption au sein de la plateforme Rohy, présente dans toutes les régions de Madagascar. « Il semble que les sénateurs qui sont en place disent que le budget du Sénat n’est pas si grand que ça, explique-t-elle au micro de RFI. Il faut approfondir cet aspect. C’est une vraie mesure d’austérité. Cela reste à démontrer ! »
Contactée, la présidence indique qu’avec cette réduction, le budget de la Chambre haute passera de 43 milliards d’ariary (soit 10 500 000 euros) à 23 milliards d’ariary (soit 5 600 00 euros). Elle précise aussi que le calendrier électoral reste le même.
L’élection qui mettra en place un Sénat à 18 parlementaires aura lieu à la fin du mandat des sénateurs actuels, soit début 2021. Avant l’application de cette modification, la Haute Cour Constitutionnelle devra se prononcer sur cette ordonnance prise par le président de la République.