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Macron menace de retirer Barkhane du Mali

Le président français a décidé de mettre la pression sur le colonel Assimi Goïta si celui-ci venait à faire alliance avec des mouvements djihadistes en vue de former un gouvernement. Pour l’instant l’auteur de deux putsches en moins d’un an et qui s’est autoproclamé président, voudrait nommer Choquel Maïga, membre du M5, à la tete d’un gouvernement provisoire. L’homme est considéré comme ayant des rapports étroits avec l’influent imam conservateur Mahmoud Dicko soupçonné de vouloir instaurer une république islamique au Mali.

« Au président malien Bah N’Daw – aujourd’hui destitué NDLR – qui était très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les djihadistes, j’avais dit : “L’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !” Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerai. » C’est donc par un « Je » très louisquatorzien qu’Emmanuel Macron a fait passer son message africain sinon le plus important, en tout cas le plus spectaculaire du week-end dans le Journal du dimanche. La France, et plus particulièrement les forces armées françaises de Barkhane déployées au Mali depuis 2014 – à la suite de l’opération Serval en 2013 – seraient donc pretes à laisser un territoire sur lequel elles ont tenté pendant près de 7 ans de réduire les influences djihadistes. Le but d’une telle déclaration ? Essayer d’infléchir la position du colonel deux fois putschiste, Assimi Goita, qui serait tenté de former un gouvernement avec à sa tete un proche des mouvements islamistes.

Reste que la communication élyséenne peut paraitre paradoxale au regard d’autres propos tenus par Emmanuel Macron. « Si on est complice de l’échec de l’Afrique, on aura des comptes à rendre, mais on le paiera cher aussi, notamment sur le plan migratoire » a ainsi prévenu le président français maniant une fois de plus l’art du « en même temps ». Un art qui vu d’Afrique pourrait presque passer pour de la maladresse. Notammant pour l’opposant malien Amadou Koïta qui avertit : « Attention ! Le Mali est une digue contre le terrorisme. Si cette digue saute, la France et l’Europe seront aussi en danger » s’inquiète pudiquement ce membre de l’opposition « Ensemble pour le Mali ».

LES MALIENS, PREMIERS À SOUFFRIR D’UN TEL SCÉNARIO
Car les premiers à souffrir d’un tel scénario, à l’effet domino dévastateur, seraient d’abord les Maliens et leurs voisins. Le genre de “détails” qui n’effraie pas Emmanuel Macron qui dans sa posture d’homme visionnaire souhaite d’abord et avant tout aider les pays africains de l’ancien espace colonial français à se développer pour endiguer aussi les mouvements migratoires. Qu’ils fussent plus ou moins en paix pour y parvenir ne l’inquiètent pas plus que cela.

En attendant, Assimi Goïta – quelques heures après son putsch contre l’ancien président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane – a annoncé que le poste de Premier ministre reviendrait à Choguel Maïga, membre du M5. Ce mouvement est connu pour avoir été impliqué dans la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020. Mais le choix de Choguel Kokalla Maïga se situe aussi sur un un autre plan : l’homme est en effet considéré comme ayant des rapports étroits avec le très influent imam conservateur Mahmoud Dicko qui de son coté serait favorable à l’ouverture d’un dialogue avec le président auto-proclamé. Un « dialogue » qui a de quoi inquiéter : Mahmoud Dicko, qui s’en défend régulièrement, est fortement soupçonné de vouloir instaurer une République islamique au Mali

marianne

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