Le nouveau Président français, Emmanuel Macron, s’est rendu aux côtés des troupes de la force Barkhane, le vendredi dernier. Une occasion pour le Président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, de fouler, pour la deuxième fois, le sol de Gao depuis son élection.
Pour la troisième fois, depuis son élection à la magistrature suprême du Mali, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, s’est rendu à Gao. Cette fois-ci, il n’y avait pas de tapis rouge. Il ne s’y est pas rendu pour réconforter les population encore moins encourager nos braves troupes. Mais, il y était pour accueillir le jeune Président français Emmanuel Macron. Ce dernier, en venant au Mali, a honoré une de ses promesses de campagne. Il avait promis que s’il est élu, l’une de ses premières sorties après celle en Allemagne serait d’aller rencontrer les forces françaises déployées sur des théâtres de guerre. Le choix n’a pas tardé à tomber. C’était dans le Sahel, plus précisément à Gao, au Mali. A Gao parce qu’il y est déployé le plus gros contingent militaire français à l’Extérieur, 4000 Hommes de la force Barkhane.
En honorant une promesse de campagne et enfilant sa tenue de Chef des armées françaises, il a contraint son homologue malien à lui emboiter le pas. Car, avant son élection, IBK avait promis de sillonner tout le Mali pour y apporter un message de réconfort et de paix bientôt retrouvée. S’il était à Gao pour la troisième fois, malgré lui, Tombouctou et Kidal attendent toujours de voir notre président IBK.
Un déplacement controversé
Ce déplacement d’Emmanuel Macron au Mali, loin de susciter un enthousiasme collectif, a été interprété de différentes manières. Se rendre directement à Gao, sans la moindre escale à Bamako, a été interprété comme un manque d’égard à l’endroit du Mali et de son Président. En se rendant directement à Gao et en se faisant accueillir par le Chef de l’Etat, Emmanuel Macron se serait comporté comme en « terrain conquis », avancent ceux qui fustigent sa façon de faire. Mais cette façon de voir la situation n’est pas la même pour tout le monde. Pour ceux qui pensent le contraire, Emmanuel Macron n’est pas venu au Mali dans le cadre d’une visite d’Etat mais pour rendre visite à ses compatriotes qui se trouvent être à Gao. Donc, pour eux, il n’y a pas de raison qu’il passe par Bamako avant de se rendre à Gao. Une escale, selon eux, pourrait être interprétée comme une visite au Mali et au Président malien, ce qui n’est pas le cas disent-ils. En tout cas, toute la journée qu’a duré la visite du Président français et les jours d’après ont été animés par ces débats sur la toile et dans les « grains ».
Quels intérêts pour le Mali
L’Histoire détiendra que la première sortie africaine du Président Emmanuel Macron s’est effectuée au Mali. Ça s’arrête là. Pour ce qui est d’un quelconque bénéfice politique ou encore économique, il n’en est rien. D’ailleurs, il serait hasardeux pour Emmanuel Macron qui prend à peine les rênes de la France de faire des promesses. La seule promesse qu’il a faite et qui était connue, c’est de réaffirmer l’engagement de la France à soutenir le Mali et tout le Sahel dans la lutte contre le terrorisme. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que c’est l’opération Serval (considérée comme une réussite totale par le Gouvernement auquel appartenait Emmanuel Macron) qui s’est mue en force Barkhane. Au-delà de ces deux aspects, il n’y a pas eu d’autres retombées ni politiques ni économiques en faveur du Mali. Emmanuel Macron, après 24 heures au Mali, s’est envolé pour Paris, IBK lui s’est rendu en Arabie Saoudite, les Maliens peuvent, donc, se remettre au boulot en attendant une prochaine visite d’Emmanuel Macron où, il est sûr qu’il viendra à Bamako, se rendra à Koulouba et signera des accords.
Mohamed Dagnoko
Source: LE COMBAT