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Lynchage de militants anti-esclavagistes à Djandjoumé (Kayes) dans la nuit du 1er septembre: Le MSDH demande «l’arrestation immédiate des auteurs»

Dans un communiqué rendu public hier, 2 septembre, dont une copie est parvenue à notre rédaction, le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme (MSDH) a déclaré apprendre  » avec consternation le lynchage de plusieurs militants anti-esclavagistes dans la localité de Djandjoumé (région de Kayes), dans la nuit du 1er septembre dernier « .

 

Le document indique que la seule raison de ces lynchages a été la convocation de l’Imam des esclavagistes par la gendarme rie pour l’interroger sur  » des faits de discrimination raciale ». Ainsi, le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme (MSDH), dirigé par Boubacar N’Djim, a expliqué qu’après la convocation de l’Imam,  » les personnes qui encouragent ce système esclavagiste ont encerclé les domiciles de personnes qualifiées d’esclaves aux alentours de 21h « . Et d’ajouter que  » peu après, ces personnes ont été ligotées et battues à sang car elles refusaient de reconnaitre leur statut d’esclaves avant d’être jetées à l’eau « . En autre  » leurs familles ont aussi été lynchées à coups de machettes ».

Le communiqué relève que  » parmi ces personnes lâchement massacrées, nous retrouvons un vieux de 69 ans, du nom de Mountaga Diarisso, déjà battu à sang en juin 2018. Les auteurs de cette agression ont été condamnés à une peine de 12 mois avec sursis, sans être placés sous mandat, même une seconde. La victime n’a d’ailleurs reçu aucune protection judiciaire après ces évènements ». Et de renchérir : « Les trois autres victimes sont Youssouf Sissoko, Hamed Sissoko et Moussa Sissoko, toutes habitantes de la localité « .

Pour autant, dans le document, le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme dit ne pas être surpris de ces crimes indescriptibles,  » car, depuis un certain moment, nous avons multiplié les campagnes de communication, d’information et de dénonciation de ces pratiques horribles dans la région de Kayes, surtout en milieu Soninké, aux autorités nationales et organismes internationaux, mais aucune solution n’a été préconisée pour mettre fin à ce système « . C’est ainsi que le MSDH a condamné, avec la dernière énergie, ces graves atteintes à la vie humaine et a plaidé pour que toute la lumière soit faite afin de situer les responsabilités.

A cet effet, il a demandé à l’Etat malien de s’assumer en votant une loi criminalisant ce phénomène, aux autorités judiciaires compétentes de mettre aux arrêts immédiatement les auteurs de ces crimes, au Gouverneur de la région de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des autres membres de leurs familles, au Conseil supérieur de la Magistrature du Mali de s’impliquer davantage afin que justice soit rendue de la manière la plus indépendante et aux organismes internationaux de défense des droits de l’homme pour leur signifier que le Mali est en état d’alerte en termes de violation des droits humains.

Boubacar N’Djim de conclure, dans son communiqué, que le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme présente ses condoléances les plus attristées aux familles des défunts et réaffirme sa ferme volonté de vaincre l’impunité et l’injustice sociale.

La CNDH invite le Gouvernement à tout entreprendre pour mettre fin à ces violences

Dans son communiqué d’hier mercredi 2 septembre, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a exprimé sa « très vive préoccupation face à la recrudescence des actes de violence liés aux pratiques de l’esclavage par ascendance dans la Région de Kayes, en particulier dans le village de Diandioumé, Commune de Gogui, Cercle de Nioro du Sahel ». Avant de s’incliner devant la mémoire des personnes ayant perdu la vie, le 1er septembre courant, et souhaite prompt rétablissement aux blessés.

Par conséquent, la CNDH, se référant à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à la Convention relative à l’esclavage, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, à la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, à la Constitution du Mali, a rappelé les dispositions de l’article 2 de la Loi fondamentale du Mali selon lesquelles  » tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ». Ainsi, le président de la CNDH, Aguibou Bouaré, a condamné avec la plus grande rigueur les violences perpétrées sur des personnes en raison de leur soi-disant statut « d’esclave ». Il a aussi invité le Gouvernement à tout entreprendre pour mettre fin à ces violences et recommandé aux autorités compétentes de poursuivre et de traduire en justice les auteurs, co-auteurs et complices de ces abus des droits de l’homme.

La CNDH a également réitéré son appel à l’attention du Gouvernement à l’effet d’initier, dans les meilleurs délais, un dialogue inclusif en vue de la résolution durable de la question de  » l’esclavage par ascendance  » au Mali, en général, dans la Région de Kayes, en particulier. Pour conclure, Aguibou Bouaré a lancé un appel aux populations concernées « à cesser tout acte de violence, toute justice privée et à œuvrer en faveur de la paix et de la cohésion sociale ».

Ramata S. Kéita

Source : l’Indépendant

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