Tombouctou, comme les autres villes du pays, subit en ce moment les ravages de la canicule. La situation du lycée Mahamane Alassane Haïdara est révélatrice des effets de la vague de chaleur dans les établissements scolaires. Selon un responsable de ce lycée, depuis le début de la grande canicule, 3 à 4 élèves tombent chaque jour d’un coup de chaud.
Cette situation suscite évidemment beaucoup de commentaires. Certains attribuant le phénomène à des génies ou esprits malfaisants.
Mouneissa Ousmane Chirfi, une élève de terminale, confirme les faits. Elle assure que les jours ouvrables, 10 à 15 élèves perdent connaissance. Certains deviennent raides d’un seul coup. D’autres se mettent à crier et à raconter des choses insensées. « Personne n’en meurt, mais cela fait peur », confie-t-elle.
Les cas plus sévères sont référés à l’hôpital de la ville où ils reçoivent des soins avant d’être libérés. Pourtant l’établissement réunit en apparence des conditions normales d’études. Mais cette apparence est trompeuse, assure le proviseur de ce lycée, Alhousseyni Sidibé. « Le lycée, depuis la libération, est confronté à d’énormes difficultés. Nous sommes en avril. Il fait 45° à l’ombre. Or, les classes ne sont ni électrifiées ni ventilées. Et les effectifs sont pléthoriques. Dans les classes de 10è année, on peut compter jusqu’à 100 élèves. Pour une capacité d’accueil de 900 élèves, nous en avons 1500. Les salles de classe ont besoin d’être réhabilitées. Ou alors, il faut construire un nouveau lycée. Pendant l’hivernage passé, 8 de nos salles de classe ont été sérieusement dégradées. J’ai écrit aux autorités compétentes pour leur signaler la situation, mais il n’y a pas eu de suite. On me dit toujours qu’une solution sera trouvée avant la rentrée prochaine ».
Sur un autre plan, le proviseur déplore l’absence de clôture autour du lycée. A tout moment, des personnes non identifiées, et même des animaux, entrent et sortent anarchiquement de l’établissement. « J’ai entrepris des démarches auprès de la MINUSMA. Mais je n’ai eu que des promesses sur ce point. Il faut reconnaitre que le programme PAT-Mali a déjà réhabilité notre salle informatique, les toilettes, les aires de loisirs, la bibliothèque. Nous lui en sommes reconnaissants », détaille Alhousseyni Sidibé.
Et notre interlocuteur de signaler que la réhabilitation des bâtiments n’a pas suivi l’ordre d’arrivée des agents de l’administration après la libération. Les enseignants ont, en effet, été les premiers à regagner leurs postes. Mais leurs logements sont abandonnés et laissés à leur triste sort. « Malgré toutes les difficultés, nous avons obtenu un bon résultat au baccalauréat passé avec 21% d’admis pour un taux national 17%. Si nous étions dans de meilleures conditions d’études et de travail, nous allions mieux faire », assure le proviseur qui estime qu’il faut au lycée une centaine brasseurs d’air (et l’électricité, bien entendu).
Les présidents du comité de gestion scolaire et de l’APE, Hamza Maïga et Salem Ould Elhaj, ont entrepris des démarches auprès des ONG et certains partenaires pour doter les classes de brasseurs d’air afin de soulager les élèves.
- SAYAH
AMAP-Tombouctou
Source : L’ Essor
