L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune TINE, s’est exprimé à nouveau, le vendredi dernier, sur la situation humanitaire du pays. Au cours de cette sortie, il a invité le nouveau gouvernement dirigé par Boubou CISSE à inclure la bonne gouvernance et la sécurité des civils parmi ses objectifs prioritaires. Il a demandé en même temps plus d’approche coordonnée pour lutter contre l’impunité et prévenir de nouvelles violences.
L’un des défis auxquels le Mali est confronté est celui de la protection de la population civile qui est victime des violations des droits de l’homme àcause de l’absence de l’Etat dans certaines zones. Selon des chiffres du ministre de la Sécurité et de la protection civile, Salif TRAORE, il y a quelques semaines, les violences dans le centre du pays ont fait 400 morts parmi les civils entre janvier et mars.
La plupart de ces morts sont dues aux conflits intercommunautaires dans le centre du pays. On se rappelle à cet effet du drame de Ogossagou où plus de 150 personnes ont été tuées dans les conditions barbares, inhumaines.
« Le cercle vicieux de la violence meurtrière liée aux conflits communautaires persiste et conduit à de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a affirmé Alioune TINE dans un communiqué.
Au regard de l’ampleur de ces faits, L’Expert indépendant a jugé nécessaire d’interpeller le nouveau gouvernement à prendre des mesures pour la sécurisation de la population civile. Ainsi, il l’a exhorté à adopter une approche globale et coordonnée pour lutter contre l’impunité et prévenir de nouvelles violences et autres exactions.
Pas que l’Etat seulement, puisqu’il pense que les dirigeants politiques maliens doivent aussi s’impliquer à la réussite de cette mission et de faire face aux défis qui menacent l’État et la société. Ces défis, a-t-il rappelé, sont complexes et multiformes. Ils sont également sécuritaires, politiques, humanitaires, sociaux, économiques et écologiquesqui doivent être traités rapidement avec efficacité et succès.
« Le gouvernement doit prendre des mesures fermes pour mettre un terme définitif aux violences cruelles, récurrentes et féroces, ainsi qu’aux violations graves des droits de l’homme. Une approche multisectorielle est essentielle : renforcer le fonctionnement du pouvoir judiciaire et la lutte contre l’impunité sont des éléments essentiels de la prévention de la violence », a précisé l’Expert.
Par ailleurs, M. TINE a appelé la Communauté internationale à renforcer son engagement envers l’État malien afin de l’aider à remplir ses obligations, en particulier en ce qui concerne la situation humanitaire. Sur ce plan, il a noté une faible mobilisation de ressources financières pour les réponses aux situations humanitaires. A ce jour, le Plan d’intervention humanitaire de 2019 pour le Mali n’est financé qu’à hauteur de 12%.
Par Sikou BAH