En décidant ces derniers temps, notamment depuis l’arrestation du capitaine-général Amadou Haya Sanogo, de passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre l’impunité et dans la «livraison» à la justice malienne de tous ceux qui ont mis ce pays à genoux, le président de la République IBK qui était très mal compris dès le début de son quinquennat, recommence à avoir la confiance des Maliennes et des Maliens. Notre analyse.
En effet, – et c’est là le 1er constat – à peine élu par plus de 77% de nos concitoyens pour la simple raison qu’il est «l’homme de poigne», «l’homme qu’il faut pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens», IBK avait surpris plus d’un par ses décisions qu’on disait «décevantes». Et pour cause, la libération des criminels et apatrides du Mnla et de ses alliés qui ont pris les armes contre le Mali et qui ont fait souffrir le martyr aux paisibles citoyens. Et ce n’est pas tout. Alors que le peuple malien croyait qu’après sa brillante élection à la Magistrature suprême, il allait infliger «une bonne correction» aux irrédentistes rebelles armés du Mnla et de leurs alliés qui continuent de «régner en grands maîtres» sur Kidal, contre toute attente, il a procédé à la levée des mandats d’arrêt de certains d’entre eux. Ce qui leur a permis d’être candidats aux législatives et d’être élus dès le 1er tour. Un paradoxe que nombre de Maliens ne comprennent toujours pas. Mais, cela est facile à déchiffrer, si nous nous en tenons à ces confidences qui nous ont été faites par un octogénaire : «En agissant ainsi, les gens pensent qu’IBK est brusquement devenu fou. Loin s’en faut ! Ce vieux renard de la scène politique malienne sait bien ce qu’il fait. C’est pour amadouer ces rebelles afin de les prendre dans son piège de façon cool. Ce vieux est très intelligent ; il n’est jamais pressé et il sait à quel moment il faut bien cogner sur la tête de son ennemi pour le mettre hors d’état de nuire. Aujourd’hui, les gens ne le comprennent plus sur ce sujet, mais ils le comprendront plus tard. Pour preuve, voilà ce qui arrive aujourd’hui à Sanogo qui se tapait la poitrine d’avoir contribué à l’élection d’IBK. Ce dernier a fini par le lâcher et a décidé de laisser la justice faire son travail, car, avec lui, nul n’est et ne sera au-dessus de la loi. Un point, c’est tout. Attendez et vous verrez, ces rebelles armés seront rattrapés par l’Histoire, car le mouton peut beau courir, la Tabaski arrivera… IBK qui est malin et rusé, reviendra à la charge en «chargeant» ces bandits armés qui croient avoir sa bénédiction et de celle de son parti, le Rpm».
De toutes les façons, dans ce dossier brûlant de Kidal, IBK semblait avoir perdu sa lucidité, allant souvent de déclarations fracassantes aux menaces stériles des groupes armés du septentrion. Ce qui nous faisait écrire ceci dans l’une de nos publications : «En dehors des faveurs et manigances de la France, le Mnla et ses alliés terroristes méritent également une bonne baffe. Et ce, pour l’honneur des victimes d’Aguelhok, le bonheur de leurs parents, veuves et orphelins et la justice d’Abord. Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, Kasi ni mousalaka dabila». Au travail plutôt !
Cette invite de votre Hebdomadaire préféré «Le Flambeau», IBK semble l’avoir bien comprise, puisqu’il a décidé de prendre le taureau par les cornes. En effet, il a fini par sortir de ses ambigüités, en marge du sommet qui vient de se tenir entre les chefs d’Etat africains et français, à travers une interview qu’il a accordée à notre confrère «Le Monde». «…Nous assistons, hélas, à une situation où la présence des troupes (étrangères) a empêché le Mali de rétablir l’autorité de l’Etat à Kidal, alors que cela a été fait à Gao et à Tombouctou… La Communauté internationale nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat. Je rappelle que nous sommes un pays indépendant. L’Etat malien est contraint de négocier avec un groupe armé qui s’en vante, dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ?… Le Mali ne sera jamais un pays sous tutelle et je ne serai jamais un président fantoche». Avec ces déclarations fracassantes d’IBK devant un parterre d’Occidentaux à Paris, cela augure de sa volonté de prendre en mains, même à ses risques et périls, le dossier Mnla et alliés à Kidal.
Le 2ème constat qui prouve qu’IBK a sorti la grande artillerie pour avoir la confiance de ses compatriotes, c’est l’arrestation et l’incarcération du capitaine-général Sanogo, auteur du coup d’Etat du 22 mars 2012. «Tolérance zéro à l’impunité et au laxisme», avait-il déclaré dès les premières heures de sa prise de fonction. Le croyant prolixe, personne ne s’imaginait qu’il allait mettre le putschiste Sanogo qui, dit-on, a battu campagne au sein des bérets verts pour sa brillante élection, à la disposition de la justice malienne. Accusé d’«actes de tortures, meurtres et disparition de corps de bérets rouges», Sanogo a été tout simplement incarcéré. Et la découverte macabre des charniers de Diago à une dizaine de kilomètres de Kati, celle de Dogoba sur la route de Kolokani et de Yélékébougou en allant vers la Guinée, risque d’enfoncer Sanogo. Sans oublier que tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans ce sulfureux dossier, sont recherchés à travers des enquêtes, étant donné qu’une trentaine d’entre eux, fulmine-t-on, ont été déjà mis aux arrêts et mis à la disposition de la justice.
Le 3ème aspect non moins important, c’est la mise sous mandat de dépôt d’un Magistrat de Bamako, le Juge d’instruction de la Commune II, Abdoulaye Kamaté ; de deux Magistrats de Mopti, à savoir le Procureur Alhousseini Salaha et le Juge d’instruction Adama Zé Diarra ; du Greffier Ibrahim Kanté ; de l’huissier Sékou Ballo et Mohamadou Ouleydoukah de la même juridiction, par la Cour suprême. Ils sont écroués à la Gendarmerie du Camp I, pour avoir commis un délit consistant à recevoir ou à exiger des sommes non dues dans l’exercice de leurs fonctions et pour faux et usage de faux. Des juges devant la justice ! Une première au Mali, étant donné que les Magistrats étaient considérés comme des intouchables. De ce fait, ces inculpations réconfortent les populations dans le combat que mène le président IBK contre la délinquance financière au Mali, car «les juges ne doivent pas se servir de leur fonction pour violer la loi».
«… Nul n’est et ne sera au-dessus de la loi… Il sera mis un coup d’arrêt à la magouille foncière et à la spoliation des pauvres ou des vrais titulaires. Tout sera fait pour doter le pays d’un système cadastral fiable et ce, dans des délais raisonnables. Il en sera fini des procès monnayés dans les bureaux de juges oublieux de l’éthique. Nous stopperons le délitement de l’appareil judiciaire, seul contre-pouvoir sûr dans les démocraties représentatives», avait promis IBK. Le voici donc joindre l’acte à la parole et les Maliens n’attendent qu’il poursuive cette belle initiative qu’il a ainsi entamée pour remettre le Mali sur de bons rails.
De ces trois constats, il en résulte une évidence : c’est que le Président IBK se réveille petit à petit tout en regagnant progressivement la confiance des maliens et des maliennes. Tout en espérant que ces récentes actions dans le cadre de la lutte contre l’impunité et les déclarations relatives à la situation de Kidal se concrétiseront pas des mesures concrètes…nous ne pouvons que le féliciter et lui souhaiter bonne continuation. Ou du moins, Bravo IBK pour ce réveil.
Bruno LOMA