Beaucoup de malades se rabattent sur le Centre de lutte contre le diabète de Bamako, qui avec 3 médecins titulaires et 4 autres rémunérés sur la base des prestations, réalise 150 à 160 consultations par semaine
À l’instar de la communauté internationale, notre pays célébrera la Journée mondiale du diabète le 14 novembre sous le thème international : «Accès aux soins du diabète». Dans le monde, plus de 460 millions de personnes, dont 19 millions en Afrique, vivent avec cette maladie chronique, selon la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti. Il faut admettre que dans notre pays l’accès aux soins du diabète est un parcours difficile, notamment à cause du coût des ordonnances et du traitement régulier. Du moins, c’est de l’avis de nombreux patients que nous avons rencontrés et qui parlent de certaines contraintes dans le traitement.
Au Centre de lutte contre le diabète, sis au Quartier du fleuve, il est environ 16 heures. Les sièges métalliques sous les hangars où attendent les malades venus en consultation ou recevoir les soins sont quasiment vides. Seuls quelques malades qui souffrent de complications, notamment le pied diabétique, étaient encore sur les lieux. Ceux-ci se déplaçaient soit dans des fauteuils roulants, soit avec des béquilles. Dans un coin de la cour, deux diabétiques, Madou Kanta et Abdoul Karim Kéita, sont assis sur une natte. Ils expliquent avoirfait le choix de camper dans l’enceinte du Centre de lutte contre le diabète pour éviter les va-et-vient. Ils y sont depuis plus d’une année. Abdoul Karim, les deux pieds bandés, déclare avoircherché en vain un tuteur à Bamako. Cet adulte de 45 ans, originaire de Kita, traîne, depuis 2011,un diabète qu’il a découvert après des tentatives de soins d’une plaie.
à côté de lui, on percevait un carton rempli de compresses et de bandes extensibles pour pansement. Abdoul Karim les revend à d’autres malades. C’est avec le bénéfice de ce petit commerce qu’il tente de joindre les deux bouts et subvenir aussi aux besoins de sa petite fille de 14 ans, restée au village. Il explique avoir été lâché par son épouse après s’être installé dans la capitale pour y subir les soins requis.
Il rumine le regret de n’avoir reçu aucune visite des membres de sa famille depuis son arrivée au Centre de lutte contre le diabète pour des soins. «Nous sommes abandonnés», affirme-t-il avec une pointe d’amertume. En 2012, ce patient diabétique a été amputé d’un doigt. Depuis qu’il suit un régime alimentaire sain, ses plaies sont en train de cicatriser. Il en appelle au respect des conseils des spécialistes. Des griefs, il en a contre le prix excessif des médicaments contre le diabète.
Le patient paie quotidiennement 1.000 Fcfa pour panser ses plaies.Des efforts nobles-Sur sa natte, Madou Kanta est occupé à mettre un stock de masques dans un sac à dos. «Je vends ces produits pour me nourrir et me soigner. Celui qui payait mes frais médicaux n’a plus les moyens. Je me promène pour vendre et quand mes pieds commencent à enfler, je retourne au Centre», se résigne le quinquagénaire, père de 3 enfants.
Coiffé d’une casquette noire, celui qui vivait à Yirimadio chez son frère cadet, souligne avoir diagnostiqué son diabète après une blessure au pied. Non loin des deux hommes, Sanata Doumbia souffre aussi du pied diabétique. La trentenaire au sourire large a aussi découvert fortuitement son diabète, il y a 4 ans. Cette veuve qui réside à Sabalibougou, dépense au minimum 3.000 Fcfa par jour pour les frais de transport et de pansement. Elle arrive à assurer grâce à son commerce de banane plantain, mais plaide pour plus d’accessibilité aux soins.
Le président de l’Association malienne de lutte contre le diabète (AMLD), Adama Moussa Diallo, vit avec un diabète depuis 30 ans. Il explique que l’AMLD œuvre pour l’amélioration de la santé des diabétiques, à travers le Centre et les 27 cellules de l’AMLD dans les régions et cercles. Le Centre envoie une ou deux fois par an des agents à l’intérieur du pays faire le dépistage et équiper certaines structures sanitaires avec du matériel de dépistage, notamment glucomètres, bandelettes, aiguilles voire des médicaments.
Le responsable de l’AMLD révèle que le Centre réalise avec 3 médecins titulaires et 4 autres rémunérés sur la base des prestations, 150 à 160 consultations par semaine. Il a aussi évoqué l’insuffisance de médecins pour accueillir plus de malades.
Mohamed D. DIAWARA
Source : L’ESSOR