À l’issue du Conseil supérieur de la défense nationale du mardi dernier à Koulouba, au cours duquel d’importantes mesures ont été prises pour limiter les risques de la propagation du COVID-19 dans notre pays, le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a mis dans la cagnotte de la lutte contre la pandémie plus de 6 milliards de nos francs. Une bonne nouvelle ! Mais le risque est que cet argent ne prenne d’autres destinations comme ce fut le cas de l’achat de l’avion présidentiel, des engrais destinés aux paysans, des équipements militaires et récemment des avions militaires cloués au sol.
En dépit de cet acte généreux du président de la République, l’inquiétude est grandissante au sein de l’opinion publique nationale quant à l’utilisation judicieuse du montant alloué à la lutte contre le coronavirus. La crainte que cet argent ne vienne contribuer à engraisser d’autres criminels à col blanc. On le sait, depuis l’arrivée d’IBK à Koulouba, en 2013, son régime a fait de son sport favori les scandales politico- financiers dont les ficelles sont tirées par sa famille, ses proches et laudateurs du pouvoir.
Ils ont donné l’occasion à ceux-ci de devenir des riches insolents en un laps de temps, rattrapant très vite les régimes d’Alpha Oumar Konaré et d’Amadou Toumani Touré (ATT) dans la création des milliardaires.
Les femmes et hommes, membres de la famille présidentielle ou courtisans du pouvoir, ont profité des marchés liés aux achats de l’avion présidentiel, des équipements militaires, des engrais ‘’frelatés’’, pour se bâtir une fortune colossale à coup de commissions, de rétro-commissions, de surfacturation…
Et depuis l’annonce de la décision du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) de la mise en place d’une enveloppe initiale de six milliards trois cent millions (6 300 000 000) de FCFA pour lutter contre la pandémie de coronavirus, les débats font rage dans tous les coins et recoins de Bamako. Si les uns n’accordent aucun crédit à l’annonce présidentielle, d’autres sont convaincus que le président est déjà du côté du peuple pour ne plus tolérer aucun détournement de l’argent destiné à l’épanouissement de ses concitoyens.
Dans le grin de Samballa Kanté, à l’ombre d’un bâtiment à deux niveaux inachevé à Kalaban-Coura, Oumar Doumbia, comptable d’une société de la place, sirotant le deuxième, lâche que le président, à travers les 6,3 milliards, veut créer une autre catégorie de riches sur le dos du peuple.
Et Soungalo Fomba, enseignant dans un lycée privé de la rive droite, d’ajouter que le président profite toujours des occasions heureuses ou malheureuses pour faire sortir l’argent du Trésor public dans le but de faire profiter sa famille à travers des marchés.
Chez Ousmane Traoré, à Lafiabougou, les animateurs de son grin sont d’un autre avis. Ils estiment que le président a tiré beaucoup de leçons des scandales politico-financiers liés aux achats de l’avion présidentiel, des équipements militaires, etc.
‘‘Après les scandales de corruption liés aux achats des équipements militaires qui ont terni son image ainsi que celle de sa famille, IBK sera, j’en suis sûr, regardant dans la gestion de l’argent dédié à la lutte contre le coronavirus’’, déclare Amidou Samaké, principal animateur du grin. Pour sa part, Ousmane Traoré, administrateur civil, dit croire à la volonté du chef de l’État de nettoyer un jour les écuries d’Augias. Il affirme que le montant ne prendra aucune destination que celle de la lutte contre le coronavirus.
La balle est désormais dans le cas du président de la République pour montrer un nouveau de la gestion des affaires de l’État.
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako