Sikasso à abrité les 8 et 9 septembre, un atelier de formation des magistrats, des enquêteurs (OPJ et APJ), des auxiliaires de justice, du personnel des inspections du travail et des travailleurs sociaux. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des enquêtes sur les cas de traite des personnes et pratiques assimilées.
Organisée par le ministère de la Justice et des Droits l’homme en partenariat avec l’ONG Enda Mali, cette session de formation a duré 2 jours. Elle a regroupé des magistrats, des inspecteurs du travail, des représentants des organisations de la société civile, des avocats, des contrôleurs du travail.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le gouverneur de la Région de Sikasso, Bougouzanga Coulibaly, en présence du coordinateur d’Enda-Mali, Zoumana Coulibaly et de Boubacar Touré, conseiller technique au ministre de la Justice. L’objectif visé par cette formation était de fournir aux chefs de juridictions et de parquets, aux juges, avocats, inspecteurs et contrôleurs du travail, agents des organisations de la société civile, une formation axée sur la sensibilisation et le renforcement de capacités en matière d’enquête et de poursuite dans les affaires liées à la traite des personnes et pratiques assimilées.
Outre les éléments principaux de la traite des personnes, les modules de formation ont porté sur la définition de la traite des personnes dans le protocole de Palerme des Nations unies, les différences et les similitudes entre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants. Il s’agissait aussi d’énumérer les causes et les conséquences de la traite, d’identifier les structures et organisations qui luttent contre la traite et d’étudier les méthodes techniques d’enquêtes.
Pour mener les activités de lutte contre la traite des personnes, une dotation budgétaire initiale de 450 millions Fcfa a été mise à la disposition du Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées. Cette dotation a été financée par le Mali sur fonds propres.
Selon le représentant du ministère de la Justice, ce département a mené diverses activités déclinées dans le plan d’actions pour endiguer le fléau. Parmi ces activités, il a cité la réalisation et la diffusion de sketchs sur la traite et les pratiques assimilées, l’organisation d’un atelier de formation à l’endroit des acteurs qui luttent contre la traite et d’un forum sur le phénomène dans la zone de l’Office du Niger à Ségou.
Pour Boubacar Touré, l’occasion est propice pour le Mali de se conformer aux normes internationales requises en la matière et de vulgariser sa législation. La session de formation entre dans le cadre du partenariat entre le ministère de la Justice et Enda Mali au niveau du Comité national de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées.
Le coordinateur d’Enda Mali vigoureusement dénoncé la traite des personnes qui transforme les enfants et les femmes en valeurs marchandes. Les femmes sont soumises à la prostitution. Les enfants constituent une main d’œuvre bon marché ou ne sont pas rémunérés, travaillent comme domestiques ou mendiants. Certains sont recrutées par des groupes armés ou sont exploités dans des activités sportives.
Toujours selon Zoumana Coulibaly, ce trafic expose les enfants à la violence à la maltraitance sexuelle et à l’infection au Vih-sida. Il enfreint leur droit à être protéger, de grandir dans un cadre familiale et d’avoir accès à l’éducation. L’élimination de ce trafic nécessitera un renforcement de la coopération internationale, régionale et nationale ainsi que des réponses aux causes profondes du problème à savoir l’extrême pauvreté, la discrimination et la violence.
Quant au gouverneur de la Région de Sikasso, il a assuré que le Mali est résolument engagé dans la lutte contre le phénomène du travail et de la traite des enfants. Cette volonté s’est traduite par la ratification de plusieurs conventions internationales dont les conventions 182 et 138 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants et l’âge minimum d’admission à l’emploi et le renforcement du cadre juridique et réglementaire.
La session de formation a été sanctionnée par plusieurs recommandations : Renforcer la coopération transfrontalières entre les Etats et le ONG qui luttent contre la traite des personnes ; promouvoir des activités génératrices en créant des projets dans des filières porteuses en vue de la prise en charge des personnes vulnérables ; traduire la loi sur la traite des personnes dans les langues nationales et procéder à sa vulgarisation ; développer les campagnes de sensibilisation du public sur la traite des personnes y compris à l’endroit des leaders traditionnels et religieux. Enfin la rencontre a préconisé de doter le Comité national de lutte contre le trafic des personnes de moyens conséquents et de créer un pôle judiciaire pour la répression des infractions relatives à la traite.
A. TRAORE
Amap-Sikasso