Lors d’une conférence débat sur « Le rôle du secteur privé dans la lutte contre la corruption au Mali », tenue ce 15 mars 2019 au siège du conseil national du patronat du Mali (CNPM), le patron des patrons malien, Mamadou Sinsy Coulibaly, a tenu un réquisitoire inédit.
« Depuis des années, les bonnes volontés entrepreneuriales sont enchaînées, piétinées par la corruption de quelques dizaines de fonctionnaires devenus milliardaires avec l’argent du peuple. Ces vagabonds financiers sont même fiers de voler, de montrer leur richesse, de s’organiser en bourgeoisie compradore, d’évoluer en toute impunité face à un peuple intellectuellement désorienté, moralement dépersonnalisé, idéologiquement déstructuré », charge le capitaine d’industrie plus que jamais déterminé à jouer de tout son poids dans la lutte contre la corruption au Mali.
Quelques semaines plus tôt, le conseil national du patronat du Mali avait énuméré 16 000 fonctionnaires corrompus dont 1600 qui auraient pris le pays en otage. Mamadou Sinsy Coulibaly est passé à la vitesse supérieure ce 15 mars en nommant celui qu’il considère comme le fonctionnaire le plus corrompu au Mali. « Aujourd’hui, je vais vous donner le nom du fonctionnaire le plus corrompu au Mali, le plus dangereux, un meurtrier connu de tous, un arnaqueur notoire, un raquetteur de nos entreprises. Il s’agit de Nouhoum Tapily, Président de la Cour Suprême», déclare Mamadou Sinsy Coulibaly connu pour son franc parlé. Le patron des patrons pousse même le magistrat le plus gradé du pays à la démission. « On va lui demander de partir et il va partir de lui-même, sinon on le fera partir», menace-t-il.
Sans avancer de preuves, le président Coulibaly laisse entendre que les allégations à l’encontre de Tapily sont de notoriété publique, connues de la profession de magistrat. Cette attaque frontale sonne comme un coup de tonnerre quand on sait l’habituelle courtoisie que se prêtent mutuellement les pouvoirs publics et les acteurs du secteur privé. Un cap symbolique a été désormais franchi dans le combat contre la corruption estiment beaucoup d’observateurs qui attendent également dans les jours à venir des actions concrètes surtout des preuves tangibles pour traduire les coupables devant les juridictions compétentes. Le président Coulibaly se dit plus que jamais déterminé à assainir le secteur privé, s’il échoue, c’est tout le secteur privé qui aura échoué, avertit-il. D’autres noms pourraient suivre dans les prochains jours. « Quand j’ai été élu en 2015, j’ai décidé de lutter contre la corruption. Cette lutte je vais la mener. Je n’ai pas peur», lance enthousiaste Mamadou Sinsy Coulibaly.
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