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Lutte contre la corruption : Déjà, à bout de souffle du monstre sacré ?

Ibrahim Boubacar Keita, à son élection à la présidence de la République du Mali, a décrété l’année 2014 comme celle de la lutte contre la corruption. A cet effet, il a nommé un Ministre de la Justice, Garde des Sceaux en la personne de Me Mohamed Aly Bathily, un homme du sérail qui, en toutes circonstances, rappelle la volonté ferme du chef de l’Etat de mener, courant 2014, la croisade contre la corruption et la délinquance financière. Et depuis, le Ministre Bathily est monté sur ses grands chevaux. Pour le moment, les résultats, sont mitigés. Et beaucoup se demande si le président « IBK » pourra-t-il grand-chose contre le « monstre sacré ».

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Dans sa croisade contre la corruption et la délinquance financière, suivant les directives du Chef de l’Etat, le Ministre Bathily s’est attaqué, dans un premier temps, à la famille judiciaire, notamment, les magistrats soupçonnés d’avoir les mains salles. Certains d’entre eux seront emprisonnés, pour, dit-on, donner le bon exemple. De cette opération que l’on pourrait caractériser de spectaculaire, jusqu’à ce jour, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, ne rate d’occasion pour dire que les délinquants financiers, seront pourchassés et punis avec la dernière rigueur. Cependant, peu d’actions concrètes, sont visibles. Pire, les fossoyeurs de la République, continuent de faire main basse sur le trésor public, à la grande désolation des partenaires techniques et financiers et devant l’ahurissement des Maliens d’en bas qui croyaient cette ère révolue avec l’arrivée d’un certain « IBK » aux commandes.

 

Le régime IBK a –t-il ouvert trop de chantiers à la fois ? Oui, peut-être ! Et c’est ça le problème car, le régime donne l’impression d’être à bout de souffle. Peut-on, efficacement, mener la lutte contre la corruption sous le son des tambours et des trompettes ? Non, certainement ! Le ministre Bathily, malgré sa volonté de faire bouger les lignes, verse parfois dans le populisme. Résultat : les magistrats, qui devraient jouer un rôle actif dans la lutte, se retournent contre le ministre de la justice ; les voleurs de République, qui devraient se mettre à trembler de tout leur, crient plutôt au voleur ; les partenaires techniques et financiers qui devraient encourager dans la lutte, se mettent à douter de ceux-là charger de mener la lutte ; la population dans sa grande majorité qui a élu le président de la République sur la base de ses engagements, commence à se demander si elle ne s’est pas trompée de cheval. En clair, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, annoncée tambour battant, semble mal engagée.

 

Nous sommes pratiquement à deux mois de la fin de l’année consacrée à la lutte contre la corruption et, jusqu’ici, il n’y a peu de résultat. Des menu fretins sont arrêtés et les gros poissons, restent en liberté faisant douter plus d’un Malien, sur l’efficacité de la lutte contre la délinquance financière. Depuis 1992, au lendemain de la révolution qui a amené la démocratie et le multipartisme, cette lutte est engagée avec peu de résultats visibles. Le président Alpha Oumar Konaré, avait même mis sur place une commission ad hoc, chargée de traquer les voleurs de la République afin de préserver les ressources financières de l’Etat. Les rapports de cette commission ajoutés à ceux des structures de contrôle de l’Etat, sont rangés dans les tiroirs pour protéger les nouveaux milliardaires de la démocratie. Le président ATT, à défaut d’instituer la cour des comptes de l’UEMOA, sort de sous son bonnet, une formule magique habillée du « bureau de vérificateur général ». Les rapports de cette tour de contrôle, ajoutés à ceux des structures de contrôle de l’Etat, dorment dans les tiroirs, afin de préserver le « consensus politique ». Mieux que ça, le Vérificateur général, chargé de faire l’enquête sur la délinquance financière, s’est retrouvé en prison, à la place des voleurs. Quelle formule magique dispose IBK pour faire croire que la lutte contre la délinquance financière, n’est pas un simple slogan de campagne ?

 

Dans ce contexte, le Ministre Mohamed Aly Bathily, apparaît comme un instrument aux mains du pouvoir actuel, pour calmer les ardeurs de ceux qui voudraient voir assainir les finances publiques. En d’autres termes, le Président IBK a –t-il été freiné dans sa volonté de lutter contre la corruption, par les révélations, vraies et fausses, concernant sa supposée implication dans des affaires financières louches ? Nous parlons de l’affaire Tomy non encore élucidée. Et, récemment, l’affaire des surfacturations qui, risque d’éclabousser plusieurs personnes de son entourage. Les détracteurs du régime ont de quoi se réjouir puisqu’ils pousseront le président à balayer d’abord devant sa propre porte avant de chercher à balayer devant celle des autres. IBK, piégé ? Oui, mais par qui et à quelle fins utiles ? IBK, corrompu ? Au quel cas, nous dirons que Dieu préserve le Mali qui n’est pas encore sorti de l’ornière.

 

Somme toute, la lutte contre la corruption, est un combat de longue haleine et nécessite l’engagement plein et entier de ceux qui sont charger de la mener. De ce fait, le ministre de la Justice doit bénéficier de coudées franches et de l’accompagnement de tous les acteurs engagés dans la lutte, notamment, les magistrats, les contrôleurs généraux, les médias, les partenaires techniques et financiers… Et cette lutte doit se faire dans la plus grande discrétion afin de produire de bons résultats.

 

Tiémoko Traoré

SOURCE: Le Pouce  du   20 oct 2014.
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