Mais la France et nous, comme nous l’avons toujours clamé, c’est : je t’aime moi non plus. Elle a plusieurs cordes à son arc. La preuve, la sortie de notre frère et ami Mohamed Bazoum à l’Elysée lors de la dernière visio-conférence du G5 Sahel, sur les colonels maliens n’était pas anodine. On connaît le président direct, volontaire. Ce qu’il a dit est certes en phase avec ce que beaucoup de maliens pensent tout bas. Malgré tout Monsieur le président, ne dit-on pas que « le linge sale se lave en famille ? »
Tout cela indique l’agacement de Macron face aux jeunes colonels maliens. Il les méprise et considère notre pays comme le mouton noir des pays sahéliens dans le cadre de sa politique de lutte contre « le terrorisme ».
Mais revenons à l’essentiel. La fébrilité d’Emmanuel Macron et sa prise décision à propos de sa guerre contre le terrorisme au Sahel, dénote clairement que la France ne peut plus supporter les coûts de sa politique en Afrique. Comme elle a l’esprit inventif, elle a estimé que l’Europe devrait la suppléer et, en contrepartie, les dividendes de cette néo- colonisation seront partagées avec les nations qui adhéreront à son aventure. Ainsi, le sud de l’Europe c’est dire l’Afrique deviendrait ce que l’Amérique Latine est pour les Etats-Unis d’Amérique : c’est-à-dire une arrière-cour qui sera ad vitam aeternam pourvoyeuse de matières premières, de main-d’œuvre bon marché, mais aussi de matières grises, l’immigration choisie étant un des moyens d’y parvenir. Tel est le dessein que la France et de l’Europe réservent à l’Afrique au Sud du Sahara, à travers la mise en place de la force Takuba. Les africains accepteront – ils ce plan machiavélique ? Nous osons croire que non, car la situation du monde a changé et l’Occident n’a plus le monopole de la science, de la technique, de la technologie mais aussi de la violence. La preuve, il a échoué dans sa lutte contre le terrorisme au Moyen Orient et en Asie, il ne pourrait qu’échouer en Afrique. Par ailleurs sur le plan économique, scientifique et technologique son avance acquise il y a quatre à cinq siècles, se réduit comme une peau de chagrin surtout par rapport à l’Asie. Si les occidentaux veulent jouir de nos matières premières, ils ont intérêt à traiter les africains sans condescendance en acceptant qu’il existe dans le monde, plusieurs conceptions de l’existence ici – bas et qu’il n’est pas prouvé que la leur soit la meilleure.
Hamidou Ongoïba