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Lutte anti-corruption au Mali : L’avis du président de la cour suprême

Nouhoum Tapily estime que le rôle qu’on attend de la justice malienne dans le combat de la corruption est bien réalisable. Mais, encore faudrait-il que certaines pratiques courantes soient revues.

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Lors de la cérémonie d’ouverture du Colloque international organisé les 4 et 5 novembre 2014 par la Cour suprême, en marge de la rentrée judiciaire, le président de cette institution a dressé un tableau sombre en matière de corruption au Mali et en Afrique de façon générale. «En fait, dans l’imaginaire populaire, la corruption est banalisée dans la plupart des pays en développement. Elle relève du quotidien de la population et des entreprises qui vivent avec, et vont jusqu’à la considérer, avec fatalisme, comme partie intégrante de leur culture», a dépeint Nouhoum Tapily. Et d’ajouter : «non seulement les décisions publiques et les règles officielles, comme l’attribution d’un marché public ou le montant des taxes à payer, se négocient, mais, bien souvent, l’accès à un service public, ou l’exercice d’un droit se monnaient également». Conscient du rôle que la justice devrait jouer dans la lutte contre le phénomène, le président de la Cour suprême a indiqué que la justice doit aller au-delà de l’incrimination et de la répression et concerner aussi les aspects préventifs. Toujours est-il que M. Tapily est convaincu que le rôle attendu de la justice en matière de lutte anti-corruption est bien réalisable, à la seule condition que soient revues certaines pratiques courantes dans notre pays. «En effet, les pouvoirs conférés à l’Exécutif pour décider de la carrière, du recrutement, de la nomination, de la promotion et de l’affectation du juge peuvent poser problème. Ils peuvent faire du juge du siège des parquetiers indirects qui, craignant des détournements des pouvoirs de l’Exécutif, pourraient céder», a estimé le magistrat. En outre, ajoute-t-il, «l’intrusion du politique dans le champ judiciaire, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques constituent des pratiques dangereuses». Partant, il a exhorté les uns et les autres à plus d’engagement et de responsabilité, avec la ferme conviction que le combat contre la corruption, certes une lutte de longue haleine, n’est nullement au dessus de nos moyens.

Le ministre de la Jeunesse et de l’Action citoyenne, représentant le Premier ministre, a, de son côté, renouvelé l’engagement politique exprimé par les hautes autorités à lutter contre ce fléau qui a, dit-il, atteint un seuil critique. «Le fléau a affecté tous les secteurs de notre économie, j’allais dire de notre société», a souligné le ministre Mamadou Gaoussou Diarra. Partant, il en a appelé à une responsabilité plus accrue des juges et à une implication des autres acteurs de la justice qu’il a rassurés de l’accompagnement du gouvernement.

Faut-il le rappeler, ce colloque avait pour thème : «rôle et place de la justice dans la lutte contre la corruption». Il a regroupé, au Centre international de conférence de Bamako, les autorités judiciaires du Mali et d’ailleurs, les représentants d’organismes sous-régionaux, régionaux et internationaux, ceux des ordres professionnels de la justice, les représentants des structures de contrôle et ceux de la société civile, entre autres. Ledit colloque participait de la volonté du Mali d’instituer des journées scientifiques que le cadre d’une audience solennelle n’offre pas toujours.

Bakary SOGODOGO

 

SOURCE: Le Prétoire  du   6 nov 2014.
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