Le 25 mai 1963 au 25 mai 2020, cela fait exactement 57 ans. Oui ! 57 années que l’UA, la grande organisation du continent africain a vu le jour. Après avoir lutté longuement et durement, les pères fondateurs des indépendances africaines décident de se retrouver à Addis – Abeba, en Ethiopie sous la présidence de Hailé Sélassié pour créer la première organisation continentale dénommée Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A). Au total, trente-deux chefs d’Etat africain et figures anticolonialistes étaient présents, parmi lesquels on peut citer entre autres : Hailé Sélassié ; Ahmed Sékou Touré de la Guinée Conakry ; Modibo Keita du Mali ; Kwuamé N’Krumah du Ghana, Jomo Kenyata du Keyna ; Léopold Sédar Senghor du Sénégal ; Mocktar Ould Dada de la Mauritanie ; Félix Houphouet Boigny de la Côte d’Ivoire ; Abbé Filbert Youlou du Congo- Brazzaville ; Joseph Kassa- Vubu de la RD ; Julius Nyerere de la Tanzanie ; Gamal Abdel Nasser de l’Egypte ; Habib Bourguiba de la Tunisie ; le roi Mohamed V du Maroc et Sylanus Olimpio du Togo qui fut le premier président à être victime d’un coup d’état sur le continent africain.
Les pères fondateurs de cette organisation voulurent faire entendre la voix du vieux continent dans le concert des grandes puissances colonisatrices. Les objectifs de L’OUA étaient : la promotion de l’unité Africaine et la solidarité des Etats africains ; la coordination et l’intensification de la coopération et des efforts en vue d’offrir une meilleure vie aux peuples d’Afrique ; la défense de la souveraineté nationale, de l’indépendance et l’intégrité territoriale ; l’éradication de toutes les formes de colonialisme en Afrique et enfin la promotion de la coopération internationale, en tenant en compte de la charte des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.
En 2002, l’OUA fut transformée en UA (Union Africaine) à Durban, en Afrique du Sud, au pays de Nelson Mandela, figure de la lutte anti apartheid. Malgré cette transformation, les objectifs de cette organisation restent quasiment les mêmes avec cependant quelques rajouts comme, promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ; promouvoir les principes et institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance…
Le cinquante septième anniversaire survient dans un contexte mondialement chaud à cause de la pandémie du covid-19. Ainsi, la traditionnelle rencontre n’a pu avoir lieu, seulement les chefs d’Etat ont tenu une vidéo conférence à partir de leurs palais respectifs.
Cinquante-sept ans après la création de cette organisation continentale, il est important de faire un bilan. Même si l’UA reste fidèle aux idéaux de l’OUA, son bilan reste globalement négatif. Elle est devenue aux yeux des citoyens lambda une simple cour de protection des chefs d’Etat qui sont la plupart des temps considérés comme des dictateurs. Aujourd’hui, l’Afrique est plus que balkanisée, déchirée, vandalisée et spoliée de toute part. Les multinationales continuent d’exploiter un contient meurtri et déboussolé par une politique impérialiste et prédatrice. La paix y a laissé place à la guerre depuis plusieurs décennies. Les guerres sans raison sont semées entre les peuples, la haine et la vengeance ont gagné les cœurs. Et chaque jour, c’est le chaos qui s’installe. La mentalité du peuple africain a été façonnée de telle sorte qu’il vit aveuglément. La prétendue démocratie est bafouée et les droits du citoyen sont totalement ignorés. Ce qui intéresse les présidents africains est le pouvoir et la conservation de celui-ci à tout prix. Ils ont complètement perdu leur dignité et sont des marionnettes à la solde de l’occident. Il n’y a presque plus l’amour pour la patrie. Le patriotisme n’est plus dans le vocabulaire de ces vieux démons.
Aussi, on parle de l’Union Africaine alors que les pays qui regroupent cette organisation se regardent en chien de faïence et l’unité prônée est quasiment inexistante. Il est aujourd’hui plus facile pour un africain de voyager en Europe qu’en Afrique tant les frontières sont infranchissables. Les africains sont plus maltraités, violentés, insultés sur leur propre continent qu’ailleurs. Finalement, on se demande à quoi sert l’UA ? Elle s’apparente plus à une utopie, de la poudre aux jeux qu’à une réalité. Les régimes dictatoriaux naissent et s’enracinent un peu partout dans le continent. Les constitutions sont charcutées et tripatouillées au vu et au su de l’Union Africaine ; des fois, avec sa bénédiction. Les grandes figures anticolonialistes sont sauvagement assassinées sous les yeux de l’UA. La dernière date de l’assassinant du guide libyen Mouammar Kadhafi. A cette allure, on peut sans se tromper affirmer comme l’autre « l’âge d’or n’est pas pour demain ». Que doit faire l’UA pour honorer valablement ses engagements pour un continent épanoui ?
Elle doit totalement changer et doit penser à ses pères fondateurs qui avaient une seule et unique phrase : la vraie indépendance et développement du continent africain. Et ce changement passe par l’arrivée au pouvoir des personnes dont l’amour de la patrie ne souffre d’aucune ambiguïté. L’Afrique a aujourd’hui besoin des leaders visionnaires qui sauront la conduire vers un développement durable et compter parmi le concert des nations. Pour l’heure, l’UA n’existe que de nom.
Moussa Touré.
SOLONI