“A l’approche du second tour, il serait souhaitable que les autorités prennent toutes les mesures nécessaires de manière à garantir le droit de vote à tous les électeurs”, a souligné dans un communiqué la chef de la mission de l’UE, Cécile Kyenge.
Elle a accueilli “avec satisfaction” la publication lundi de la liste détaillée de 871 bureaux de vote où le premier tour du scrutin n’a pas pu se tenir le 29 juillet en raison de violences. Cela a touché quelque 245.888 électeurs, principalement dans les régions de Mopti (centre), de Tombouctou (nord) et de Ségou (centre).
La publication des résultats officiels provisoires du premier tour – remporté par Ibrahim Boubacar Keïta, dit “IBK”, crédité de 41,42% des voix pour 17,8% au chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé (17,8%) -, a été accompagnée de multiples accusations de fraudes, l’opposition accusant le pouvoir de “bourrage d’urnes”.
Dix-sept des 18 candidats de l’opposition ayant constitué une “plateforme” commune ont participé dans l’après-midi à un rassemblement aux allures de meeting électoral dans le palais de la Culture de Bamako, en présence d’un millier de partisans, ont constaté des journalistes de l’AFP.
“Nous n’accepterons pas la dictature de la fraude dans notre pays”, a lancé Soumaïla Cissé, en jugeant que le pays avait “trop souffert pendant cinq ans” et appelant à la “mobilisation”. L’ancien Premier ministre Cheick Modibo Diarra, arrivé quatrième le 29 juillet et dont les 7,46% d’électeurs du premier tour risquent d’être déterminants, était le grand absent de la manifestation.
Pour l’analyste politique Souleymane Drabo, l’union de l’opposition ne serait qu’une façade. “Il y a un front uni pour contester les résultats, il n’y a pas de front uni pour donner des voix à Soumaïla Cissé”, a-t-il estimé, interrogé mardi par l’AFP. “Vous avez déjà vu des gens voler vers la défaite?”, a lancé cet expert, selon qui le leader de l’opposition sera incapable de refaire son retard sur IBK.
Au nom de la “transparence”, la mission de l’UE a également renouvelé sa demande de “publier au plus tôt les résultats du premier tour bureau de vote par bureau de vote” et de “faire de même pour le second tour”.
Les Européens ont en outre exhorté les autorités à “ne pas limiter la liberté d’expression” à “garantir l’accès sans entraves à internet et aux réseaux sociaux”, alors que la radio Renouveau FM, où officie le très influent activiste contestataire Ras Bath, a été fermée par le gouverneur de Bamako et que, selon l’ONG Internet Sans Frontières, Twitter et WhatsApp étaient inaccessibles, notamment le jour du vote, sur le principal opérateur du pays.
La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l’opération Serval déclenchée en 2013 contre les jihadistes, et avec les Casques bleus de l’ONU, attend du vainqueur une relance de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg, dont l’application accumule les retards.
Malgré cet accord, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
Avec AFP