L’opposition guinéenne a rejeté samedi le résultat d’un référendum constitutionnel qui, selon eux, sera utilisé par le président Alpha Condé pour étendre son emprise sur le pouvoir.
La proposition de modifier la constitution a été extrêmement controversée , ce qui a provoqué des manifestations de masse au cours desquelles au moins 32 personnes ont été tuées, selon un décompte de l’AFP.
Le président de la Commission électorale nationale indépendante, Amadou Salifou Kébé, a déclaré vendredi aux journalistes que 91,59% des votes étaient en faveur de l’adoption de la nouvelle constitution, tandis que 8,41% étaient contre, à la suite du plébiscite du 22 mars.
Le FNDC, un groupe parapluie de l’opposition, avait appelé au boycott du référendum et a rejeté le résultat.
« Ces résultats ne signifient rien pour le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ou pour le peuple guinéen », a déclaré le responsable de l’opposition Ibrahima Diallo.
« Évitons les décomptes de style soviétique d’une autre époque », a tweeté un autre chef de l’opposition, l’ancien Premier ministre Sidya Touré.
Le jour du scrutin a été marqué par la violence, avec des dizaines de bureaux de vote saccagés à travers le pays et, selon l’opposition politique du pays, des dizaines ont été tués.
Après l’annonce des résultats du référendum samedi, des manifestants à Labé, la principale ville du nord du pays, sont sortis dans la rue, des voitures incendiées et des barricades, ont indiqué des témoins à l’AFP.
Le résultat pourrait ouvrir la voie à Condé, 82 ans, de poursuivre un nouveau mandat lorsque son deuxième mandat s’achèvera cette année en contournant les limites du mandat.
Ancienne personnalité de l’opposition emprisonnée sous les régimes purs et durs, Condé est entré dans l’histoire en 2010 en tant que premier président démocratiquement élu dans un pays aux antécédents chroniques de coups d’État militaires et de troubles.
Les électeurs l’ont élu en 2015 pour son deuxième et dernier mandat de cinq ans en vertu de la constitution actuelle, mais les critiques disent qu’il est devenu de plus en plus autoritaire.
Le gouvernement soutient que la constitution doit être mise à jour pour inaugurer des changements sociaux indispensables, en particulier pour les femmes.
Les réformes comprendraient l’interdiction des mutilations génitales féminines et des mariages précoces et l’octroi aux époux de droits égaux en cas de divorce.
La charte limiterait les mandats présidentiels à deux, mais prolongerait la durée du mandat à six ans.
Cependant, les critiques craignent qu’une nouvelle constitution ne remette en effet à zéro le mandat présidentiel, permettant potentiellement à Condé de gouverner pendant 12 ans.
Condé lui-même n’a pas nié qu’il pourrait utiliser les changements proposés pour chercher un autre terme.
Les États-Unis, l’UE ont critiqué la manière dont le référendum s’est tenu, ainsi que les élections législatives simultanées.