Il existe des différences marquées entre les pays en matière de temps de travail, a affirmé lundi l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un rapport conjoint avec la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound), portant sur quelque 1,2 milliards de travailleurs à travers la planète.
« Un travailleur sur six dans les pays de l’Union européenne (UE) effectuent plus de 48 heures par semaine, contre environ un sur deux au Chili, en République de Corée et en Turquie. Dans les pays visés par l’enquête, au moins 10% des travailleurs travaillent pendant leur temps libre », indique l’étude, intitulée Les conditions de travail dans une perspective mondiale.
« Dans les dernières années, ce que l’on a observé dans tous les pays du monde, c’est que la productivité a augmenté beaucoup plus que les salaires », a signalé la directrice du Département des conditions de travail et de l’égalité de l’OIT, Manuela Tomei, lors d’un entretien avec ONU Info.
Selon l’OIT et Eurofound, les personnes les moins instruites ont les conditions de travail générales les plus mauvaises et le moins accès aux possibilités de formation.
« Quel que soit le pays, les personnes les moins instruites sont celles qui ont le moins accès aux possibilités d’accroître et de développer leurs compétences. La proportion de travailleurs disant apprendre de nouvelles choses au travail varie entre 72% et 84% aux Etats-Unis, dans l’UE et en Uruguay, ces proportions étant plus faibles en Chine (55%), en République de Corée (30%) et en Turquie (57%) », précise le rapport.
L’étude présente une « cartographie complexe » des conditions d’emploi couvrant 41 pays, dont les 28 pays de l’UE, la Chine, la République de Corée, les Etats-Unis, la Turquie, les pays hispanophones d’Amérique centrale, l’Argentine, le Chili et l’Uruguay. Elle examine les sept dimensions de la qualité de l’emploi, à savoir l’environnement physique, l’intensité du travail, la qualité des horaires de travail, l’environnement social, l’amélioration des compétences et le développement, les perspectives, et les revenus.
L’étude montre des différences importantes en matière de niveaux d’intensité et de pénibilité émotionnelle du travail.
Ainsi, un tiers des travailleurs de l’UE et la moitié aux Etats-Unis, en Turquie, à El Salvador et en Uruguay se plaignent d’un travail intensif, avec des délais serrés et un rythme élevé.
Jusqu’à 12% des travailleurs disent être victimes d’agressions verbales, de comportement humiliants, d’intimidation, d’attention sexuelle importune ou de harcèlement sexuel et entre 25% et 40% des travailleurs ont des emplois exigeants sur le plan émotionnel.
Réduire les exigences imposées aux travailleurs
Le rapport souligne que la qualité de l’emploi peut être améliorée en réduisant les exigences excessives imposées aux travailleurs et en limitant leur exposition aux risques.
Selon ses données, plus de la moitié des travailleurs disent être exposés à des mouvements répétitifs de la main et du bras. Environ un quart déclarent être fréquemment exposés à des températures élevées au travail, et presque autant disent être fréquemment exposés à des températures basses.
« La qualité de l’emploi peut être améliorée en réduisant les exigences excessives imposées aux travailleurs et en limitant leur exposition aux risques, mais aussi en leur donnant davantage accès à des ressources qui permettent d’atteindre les objectifs de travail ou d’atténuer les effets de ces exigences trop élevées », a déclaré Juan Menendez-Valdes, directeur exécutif d’Eurofound.
L’étude insiste aussi sur l’importance d’un environnement social positif au travail – notamment d’un soutien de la part de la direction et des collègues – ainsi que du dialogue social pour améliorer la qualité de l’emploi.
« Les travailleurs et les employeurs ainsi que leurs organisations ont tous un rôle à jouer dans l’amélioration de la qualité de l’emploi », soutient le directeur exécutif d’Eurofound.
La qualité du travail, l’affaires des travailleurs et des entreprises
« La qualité du travail c’est un souci non seulement pour les travailleurs mais aussi pour les entreprises, parce que la qualité du travail a des répercussions sur la santé et le bien-être du travailleur, et donc sur leur productivité et la possibilité des entreprises d’innover et grandir », a affirmé la directrice du Département des conditions de travail et de l’égalité de l’OIT, Manuela Tomei.
L’OIT et Eurofound appellent les pays du monde entier à réaliser des enquêtes sur les conditions de travail comportant des données comparables sur la qualité de l’emploi, précisant que cela est fondamental pour mettre en évidence les sujets de préoccupation et fournir des éléments factuels pour guider les stratégies à adopter.
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