En politique, tous les moyens sont bons pour atteindre ses objectifs. Cela semble être le cas de l’imam Mahmoud Dicko, celui-là qui est à la base de la chute de plusieurs hauts responsables du pays, mais qui s’est toujours fait trompé. Après avoir activement participé aux manifestations qui ont conduit au renversement du régime IBK, l’imam Mahmoud Dicko a décidé de retourner dans sa mosquée. Depuis lors, il ne disait plus mot. Les violations des lois, les arrestations extrajudiciaires par les militaires au pouvoir, la grogne sociale, l’insécurité grandissante, la répression des manifestations pacifiques, la division au sein du M5-RFP dont il était l’autorité morale, la division au sein de la CMAS dont il est le parrain,…l’imam Dicko a gardé le silence sur tout, cela durant 4 long mois. Ce silence s’explique, selon ses défenseurs, par le fait qu’il a décidé de retourner dans la mosquée.
Le come-back de l’imam Mahmoud Dicko sur la scène politique
A la grande surprise des Maliens, l’imam Mahmoud Dicko est ressorti de sa mosquée pour la scène politique. Si d’habitue, il faisait ses sorties à travers des radios et des rassemblements publics, cette fois-ci, il a publié un manifeste dans certains organes de presse écrite. Les raisons ? Lui seul le sait, mais cette sortie signifie, pour beaucoup d’observateurs, son retour sur la scène politique.
Le divorce avec les militaires ?
L’imam Mahmoud Dicko a été longtemps accusé de travailler, en louche, avec les colonels au pouvoir. Ses proches sont nommés dans des postes juteux des organes de transition. Et il a fermé les yeux sur toutes les fautes que les autres mouvements dont le M5-RFP reprochent aux colonels. Mais dans son manifeste, même s’il ne le dit pas clairement, l’imam semble être non satisfait de la gestion du pays par les autorités transitoires. «C’est aussi avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics », a-t-il indiqué dans son manifeste avant d’écrire plus loin : « Depuis le 18 Août 2020, j’ai laissé ma porte grand ouverte. J’ai inlassablement écouté et observé, mais la situation me paraît trop grave pour que je garde silence. Si nous ne réagissons pas maintenant, activement et collectivement, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens ». Veut-il indirectement informer les autorités transitoires de son mécontentement par rapport à leur gestion ? Une façon de les avertir ? Ce n’est pas à écarter pour le stratège qu’il a toujours été.
Les engagements de l’imam
Dans son manifeste, l’imam qui s’est trompé plusieurs fois en induisant des Maliens en erreur, a pris plusieurs engagements pour la réussite de la Refondation du Mali. Ces engagements sont, entre autres, : favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier ; bâtir des passerelles d’échange entre les acteurs civils et armés, pour remettre au cœur des préoccupations, le vivre ensemble et la confiance entre les communautés ; aller à la rencontre de nos frères et sœurs pour porter la paix dans toutes les régions en fédérant toutes les énergies confessionnelles ; soutenir toute initiative en faveur du développement en faveur de notre jeunesse ; contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens…. Eh oui, ils sont ambitieux, ces engagements . Mais peut-on faire confiance à notre puissant imam qui n’a même pas pu réconcilier sa famille politique ?
Non, l’imam Dicko devrait commencer à mettre fin à la division à la CMAS. Il devrait trouver d’abord des solutions par rapport au malaise au sein du M5-RFP dont il était l’autorité morale. Peut-on faire confiance à un imam qui après avoir combattu ATT, a reconnu peu après le patriotisme et l’amour de ce dernier pour le Mali ? C’est ce même Imam qui, après avoir appelé à voter IBK, dit avoir regretté son choix. Idem pour boubou Cissé. Un jeune t qu’il appelait affectueusement fiston et pour qui Dicko s’est battu afin qu’il puisse occuper le portefeuille de premier ministre. Son revirement contre celui-ci était patent.
Bien que les actions annoncées dans son manifeste sont pertinentes, mais l’imam ne peut pas être la personne la mieux placée pour réussir cette mission.
Par ailleurs, il faut se poser les questions si le puissant imam n’est pas en train de plaider pour une autre mission de bons offices.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali