Tragique mois de juillet pour la femme Malienne. Une femme enceinte de jumeaux qui se fait tuer par son conjoint. Une jeune dame asphyxiée par son époux. Une autre nuitamment assassinée et hâtivement enterrée dans son salon. Sans compter celles qui s’habillent de la tête aux orteils pour mieux dissimuler les ecchymoses ou les cicatrices des coups assénés par un compagnon jaloux ou accro aux stupéfiants ou adeptes de Bacchus. Toutes ces victimes anonymes qui ne savent plus à qui confier leur drame conjugal au quotidien. Que de tragédies ces dernières semaines dans nos foyers.
Comble de l’ironie, c’est ce mois de juillet que les pionnières de l’émancipation et nos leaders panafricanistes ont dédié à l’Africaine à travers la célébration de la Panafricaine de la femme. Nous avons l’impression que plus on en parle, on dénonce (marches, conférence-débats…), plus le fléau prend de l’ampleur. Et chaque fois, ces crimes crapuleux remettent sur le tapis la question d’une loi
Face à l’augmentation des drames, une loi est plus que jamais nécessaire. Mais, peut-être qu’il faut changer d’approche. Au lieu d’un projet de loi, il faut peut-être une proposition de loi. Et cette transition nous donne une grande opportunité d’y parvenir. Les organisations qui ont organisé la marche du 3 juin 2022, notamment l’APDF et Halte aux violences conjugales, doivent s’organiser pour le lobbying auprès du Conseil national de la Transition (CNT). Cette proposition de loi peut être portée par les femmes membres de cet organe législatif transitoire ou sa commission des lois.
Et pour donner plus de chance au texte de passer, il faudra communiquer sur le contenu et l’objectif recherché en allant par exemple à la rencontre des organisations musulmanes (Haut conseil de l’islam, l’Union nationale des femmes musulmanes…) dont la crainte justifierait la frilosité des différents gouvernements et législatures à légiférer sur ces crimes généralement passionnels. Il faudra approcher sans préjugés tous les leaders religieux sans distinction de culte. Et cela d’autant plus qu’on ne peut pas combattre un fléau socioculturel en jetant l’opprobre sur une religion.
Nous ne pensons pas qu’il ait une femme plus heureuse que celle d’un homme qui a réellement la foi. Nous ne parlons de ceux qui limitent la religion au mimétisme ou qui se cachent derrière les interprétations misogynes des préceptes religieux pour donner libre cours à leurs pulsions démoniaques. Mais, de ceux qui ont réellement compris leur religion pour mieux la vivre.
Quand le contenu et l’objectif sont bien expliqués, il y a de fortes chances d’avoir l’unanimité autour d’une loi. Ici, il s’agit de sauver des vies. Et toutes les religions monothéistes sacralisent la vie comme la Femme d’ailleurs. Elles ne font pas de la femme un être inférieur à l’homme, mais une personne complémentaire, un partenaire, l’autre moitié de sa personne. Il n’y a donc pas de raison qu’on ne s’entende pas sur les moyens de la protéger.
La loi permet de prévenir, de dissuader avant de réprimer. Celui qui tue sa femme et ou celle qui ôte la vie à son époux, ne mérite pas la peine capitale, mais une condamnation à perpétuité pour pouvoir réfléchir toute sa vie sur son crime et ses conséquences ! Et cela bien avant la justice divine qui l’attend dans l’autre monde.
Aujourd’hui, la transition nous donne une belle opportunité d’agir ou jamais contre les violences conjugales !
Moussa Bolly
Source : Le Matin