Le blogueur Jean-Marie Ntahimpera nous invite à redécouvrir Toiles d’araignées, un livre qui reste d’actualité 37 ans après sa publication. « C’est un livre qui devrait être lu par tous ceux qui sont révoltés par les injustices », écrit-il.
En pleine exploration de la littérature malienne, je suis tombé sur le roman Toiles d’araignées d’Ibrahima Ly. Même si le livre a été publié en 1982 (Ed. L’Harmattan), en pleine dictature de Moussa Traoré, il reste plus actuel que jamais.
Le personnage principal du livre, Mariama, est une jeune fille porteuse de toutes les vertus : la beauté, la bonté, la pureté, la droiture… Mais, très vite, quand elle n’est encore qu’une gamine, son père la donne en mariage à un vieil homme. Elle refuse de l’épouser, et c’est là que sa vie bascule. Elle est emprisonnée et découvre ce qu’il convient d’appeler l’Enfer : un monde impitoyable où elle doit subir le viol, la torture, la faim et toutes les formes de violence imaginables.
On pourrait penser que cet Enfer que représente l’univers carcéral n’est qu’une exception, une anomalie cantonnée à l’intérieur des murs de la prison. Loin de là. La violence de la prison n’est qu’un reflet de la société.
« Notre société fait des femmes de véritables otages »
Par le destin tragique de Mariama, le livre nous montre une société où tout conspire contre la femme. Quand Mariama refuse d’épouser le vieil homme, c’est toute la société qui se sent humiliée et qui décide de lui faire payer son irrévérence. Le père, la mère, le policier, le juge et même le médecin se mobilisent pour empêcher à la jeune fille de vivre selon son instinct.
On demande à la femme de « tout accepter, tout supporter ». Par cette critique d’une société qui réduit la femme aux desiderata de l’homme, on découvre en Ibrahima Ly l’un des meilleurs précurseurs et porte-paroles des combats actuels pour l’émancipation des femmes, non seulement au Mali, mais aussi dans les autres sociétés africaines.
Ibrahima Ly dépeint une société où tout agent porteur d’un pouvoir peut commettre n’importe quelle injustice envers les pauvres et les simples citoyens. Mais ce qui est plus révoltant, c’est que ces injustices se commettent au vu de tout le monde, sans que personne n’ose lever un petit doigt. Cette résignation face au mal serait, d’après un des personnages du livre, « la base de toutes les oppressions ».
Même si ce livre a été publié depuis 37 ans, il reste plus actuel que jamais. C’est un livre qui devrait être lu par tous ceux qui sont révoltés par les injustices, qui y trouveront l’essence pour démarrer ou redémarrer leur lutte pour le changement.
Toiles d’araignées fait partie de ces livres que je ne refermerai jamais. A mon avis, il reste l’un des meilleurs livres de la littérature africaine. Un vrai chef d’œuvre !
Source : Benbere