Le Mémorial Modibo Keïta a servi de cadre, le 06 novembre dernier, au lancement du livre intitulé « Patiente zéro de la Covid-19 au Mali : enfer social et médiatique ». Écrit par l’écrivaine franco-malienne Inna Maïga et publié par Figuira éditions, ce manuel nous laisse entendre la dure épreuve surmontée par la première femme testée positive du coronavirus au Mali.
L’ouvrage « Patiente zéro de la Covid-19 au Mali : enfer social et médiatique » publié par Figuira éditions est un récit totalement dénonciateur et composé de 115 pages répartis en quatre chapitres.
Dans ce livre, Inna Maïga offre à l’opinion publique et internationale la vérité sur les différentes calomnies dont elle a été victime suite au résultat positif de son test de la Covid-19 en mars 2020. Et à ce jour, elle a été confirmée le premier cas positif du coronavirus au Mali. « C’est à cet instant qu’on me fit savoir que j’étais la seule à avoir été testée positive à la Covid-19 parmi tous les autres de ma famille », mentionne-t-elle.
A cet effet, cette information fut publiée sur les réseaux sociaux avec des expressions affreuses et l’image d’Inna qu’elle nous laisse voir sur la couverture du livre. Cet acte inhumain a été vu par plusieurs internautes bien avant qu’Inna ne soit informée du résultat de son test par le médecin. « Je m’étais alors connectée sur Facebook, pour quelque peu naviguer, discuter avec des amis avant 15 heures. Et c’est là-même sur les réseaux sociaux où j’avais voulu m’informer des nouvelles de mon pays que j’appris que mon test à la Covid-19 était positif », rappelle-t-elle.
Une chose inadmissible que l’écrivaine juge comme une trahison de la conscience professionnelle et une entorse à la déontologie du métier par le médecin. « S’il s’agit de moi, si réellement c’est moi qui suis la personne atteinte de la Covid-19, c’est que le personnel sanitaire a choisi de me livrer en pâture, sans aucune discrétion, comme des amateurs en la matière », avance-t-elle.
A cela, s’ajoute la publication d’une autre vidéo dans laquelle un chroniqueur de la place accusait Inna d’avoir volontairement introduit la Covid-19 au Mali. « Ce matin, un cas de coronavirus avéré a été signalé au Mali. Le cas est celui d’une femme (…) », disait la publication. Dès lors, rapporte-t-elle, sa descente dans l’enfer commença.
Cette accusation mal comprise par plusieurs internautes donne lieu à toute sorte d’injures sur sa personne traitée même d’apatride. « C’est elle qui a amené la Covid-19 au Mali. Criminelle ! Tu dois être brûlée, etc. », déclare-t-elle. Ce qui explique son insistance sur sa biographie au début du récit en premier chapitre, afin d’affirmer sa citoyenneté malienne et son patriotisme. « Surnommée Madame le ministre ou Minissirimousso par certains des amis de mon père, je porte le nom (…) », martèle-t-elle.
Après sa guérison, touchée désormais dans son orgueil, notre auteure n’avait pas tardé à répondre à cette diffamation en portant plainte contre le journaliste surnommé dans le livre ‘’Toto yébalifô soninfana’’ et de son directeur de publication. « Quand je fus mise au courant de la tournure que prenait les choses, je me mis en colère et décidai d’enclencher la procédure judiciaire », -dit-elle.
Mais une réponse insatisfaisante a été donnée par la justice sur l’affaire, car ces deux individus sont jugés non coupables après leur appel à la Cour d’Appel, suite à leur première condamnation par la grande instance. « La Cour statuant publiquement contradictoirement en matière correctionnelle et en dernier ressort (…) », appuie-t-elle.
Des nouvelles procédures judiciaires sont en cours contre d’autres diffamateurs qui continuent toujours à dénigrer l’image d’Inna. « En ce qui concerne l’auteur de ces derniers faits, une procédure judiciaire pour atteinte au droit à mon image est en cours », confie-t-elle.
A la fin de son exposé lumineux, d’autres personnes présentes à la cérémonie notamment son fils, ses sœurs, ses parents et amis, les médecins, le président de la Maison de Presse, ont apporté leurs témoignages sur la dure épreuve qu’elle a surmontée.
Malgré cette histoire tragique, Inna a toujours confiance en la justice, en la médecine et en la presse de son pays dont certains des professionnels l’ont soutenu dans sa lutte jusque-là. En plus, elle exhorte le gouvernement et la population à accompagner ces structures qui sont l’un des socles du développement d’une nation.
Au-delà de la dénonciation des diffamations, le récit traite plusieurs thématiques de l’heure à savoir l’éducation, l’impunité, la cybercriminalité, la civilisation, etc.
Boubacar Idriss Diarra, stagiaire
Source : Le Challenger